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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/841

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connaître à l’ambassadeur d’Angleterre combien les ennemis le redoutent, etc. »

S’il s’agit de l’Angleterre, voici ses correspondans de Londres qui le félicitent de « ses lettres pleines clos témoignages ordinaires de son ardeur et affection au public. » Voici les lettres de Carlisle, ambassadeur d’Angleterre en France. Voici d’autres lettres adressées à un haut personnage anglais, où Fancan dit qu’il contribue de tout son pouvoir à l’alliance d’Angleterre contre l’Espagne. Voici toute une vaste correspondance sur ce sujet et sur tant d’autres. Voici des renseignemens sur les flottes et sur les troupes qui vont venir au secours de La Rochelle.

Mais c’est surtout du côté de l’Allemagne qu’il s’emploie. Pour qui travaille-t-il ? Voilà qui devient plus obscur. Nous avons vu le rôle affirmé et patent, en quelque sorte, en faveur des protestans, les pamphlets, les correspondances avouées, probablement, dans une certaine mesure, les mémoires remisa Richelieu. Tout cela se tient. Mais, voici d’autres attaches, et celles-ci sont avec des princes catholiques, avec les princes bavarois, avec l’archevêque de Cologne et, surtout, avec l’allié de Ferdinand II, avec le vainqueur de la Montagne Blanche, avec Maximilien de Bavière !

C’est par lots entiers que l’on compte les liasses de ces correspondances, bien suspectes pour un Français, et, dans ces liasses, il y a des reçus ! « Paquet de plusieurs papiers et lettres concernant le maniement de 36 000 livres pour le baron de Rechem (c’est un des ministres de cet archevêque de Cologne qui est le frère de Maximilien). Entre lesdits papiers, il y a une quittance du baron de Rechem de 45 000 livres de-maniement qu’avait eu le sieur Fancan. » Le « maniement ; » le mot est trop clair. Aucun doute ne peut subsister. Fancan était à la solde d’un des partis, peut-être des deux.

Je sais bien que les princes de la maison de Bavière, quoique catholiques, jouèrent souvent un double jeu, qu’ils hésitèrent longtemps entre les deux causes, et qu’ils furent, plus d’une fois, tentés de former, en Allemagne, ce qu’on appelait alors un tiers-parti, Je sais bien que la France s’intéressa à cette politique et que Richelieu y employa même, notoirement, les services de Fancan. Mais, si celui-ci montra tant d’ardeur à servir cette cause, son ardeur ne le rend que plus suspect, car il n’était pas libre et il recevait de l’argent de l’étranger.