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A bientôt, mon cher ami, je vous retrouve toujours après nos absences comme un ami de la veille, et cependant les années de notre amitié finissent par dater de loin.

Je vous charge de mes complimens affectueux pour votre chère femme, du meilleur souvenir pour Jeanne et Marie, et je suis à vous d’un cœur fidèle et profond.


Hugueville, 7 août 1886.

Mon cher ami,

Je suis arrivé avant-hier dans ma petite paroisse normande. J’y ai trouvé, comme l’an dernier, un grand calme, une douce sérénité, et je me sens heureux de faire quelque bien à ces bons paysans.

La vie civilisée est pleine de mille choses artificielles ; la vie des champs est plus vraie : c’est la nature telle que Dieu l’a faite et non telle que les hommes l’ont gâtée, en prétendant l’améliorer et l’embellir.

Vous allez partir pour Ludion. J’en suis heureux pour vous et pour tous les vôtres, qui doivent être impatiens de vous revoir. J’aurais aimé à vous y suivre, mais je ne fais jamais ce que je voudrais. Je vis enchaîné, et il faut que j’aille où mon destin me pousse.

Donnez-moi de vos nouvelles, quand vous serez installé dans les Pyrénées ; dites-moi comment vont voire femme et vos filles.

Dès que j’aurai un exemplaire de mon discours de mariage, je vous l’enverrai. Mais je crains qu’on nie le fasse attendre beaucoup ; je n’ai même pas encore reçu les premières épreuves.

Ne voyez pas trop en noir notre monde moderne et notre grand pays. Malgré nos misères, il y a encore, dans le fond, des étincelles divines que notre devoir est de dégager.

Adieu, mon très cher ami, je vous aime profondément et je suis à vous de tout cœur.


Le P. Didon n’avait pas assez vu la Palestine. Il en avait la nostalgie. C’était à la fois un charme qui le dominait et un souvenir qu’il se sentait le besoin de raviver. Il ne voulait pas publier son livre sans avoir de nouveau visité la Terre sacrée. Il fait un second voyage à Jérusalem.

Voici ce qu’il m’écrivait le 12 septembre 1886 :