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entourent Flavigny ou sur les plateaux voisins ; je rentre à quatre heures et je reprends ma besogne jusqu’à sept heures et demie. Je soupe, comme nous disons dans notre langue de moine ou je collationne ; puis, à huit heures, je prie jusqu’à neuf et je reprends mon travail jusqu’à dix. Alors, ma journée est finie ; je puis dormir sur ma gerbe comme un moissonneur qui bénit Dieu de lui avoir donné quelques beaux épis.

Toutes mes journées se ressemblent. Vous en jugerez vous-même, l’été prochain, quand vous viendrez partager ma tranquille existence monacale. Mon travail marche bien ; je me sens en bel entrain, et j’espère que l’an prochain, à pareille époque, il sera fort avancé.

J’aime cette nature bourguignonne ; le paysage est gracieux. Les horizons ont de beaux lointains, les vallées sont fraîches, et, sur les plateaux, on respire un air vif qui excite la pensée.

Si mes amis pouvaient être avec moi, je trouverais ma vie idéalement belle. Mais rien en ce monde n’est parfait. Toutes les médailles ont leur revers. Le revers de la mienne, c’est l’éloignement de ceux que j’aime, comme vous.

Comme il ferait bon nous retrouver tous à la table de famille ! Encore un revers de ma médaille. Adieu, cher, très cher ami, que Dieu vous garde tous deux dans votre douce tranquillité et joie de famille ! Qu’il bénisse vos grandes filles et leur mère ! Je vous embrasse d’un cœur tendre et profond.


Flavigny-sur-Ozerain, 8 mai 1887.
Mon cher ami,

J’ignorais l’article que vous me signalez, et vous savez quelle horreur j’ai du bruit fait autour de mon nom.

J’ai emporté une douce impression des quelques heures passées auprès de vous et des chers vôtres. L’amitié est bien, après Dieu, la meilleure chose de la vie. Son parfum me suit dans ma chère solitude. Adieu, vous savez mon affection pour votre femme, vos chères filles, et pour vous. Je vous embrasse cordialement.


Flavigny-sur-Ozerain, 20 mai 1887.
Mon cher ami,

J’ai reçu l’Encyclopédie et la Revue des Deux Mondes. Vous êtes un ami et un commissionnaire parfait. Je vous eusse