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Arcueil. 25 août 1889.

Mon cher ami,

L’affaire d’Arcueil n’a pas eu de suite. Le supérieur général, consulté, a été d’avis qu’on nie laissât tranquillement achever la publication de mon ouvrage. Rien ne pouvait m’être plus agréable, et je vais regagner, dans deux ou trois jours, ma solitude de Flavigny, afin de me consacrer tout entier à la correction de mes épreuves.

Ce travail m’occupera tout le mois de septembre. Dès qu’il sera terminé, je me mettrai à mon Introduction, et enfin, vers la troisième semaine de novembre, je compte être prêt à partir pour Rome.

Lorsque le livre aura reçu l’approbation suprême, mon nouvel avenir se dessinera nettement. Jusqu’alors, je n’ai rien à désirer ni à combiner, et j’en suis heureux.

Reposez-vous bien à Evian, et soignez-vous pour vous préparer un bon hiver.

Ma rude vie solitaire de Flavigny me donne toute la santé désirable, et je ne demande à Dieu qu’une chose, c’est de la consacrer sans réserve à l’amélioration morale de mon pays, à la défense et au progrès de la foi, sans laquelle l’homme est si malheureux, si incapable de bien et si triste. Adieu, cher ami, croyez à ma profonde amitié.


Flavigny-sur-Ozerain, 29 octobre 1888.

Mon cher ami,

Je partirai pour Paris le 14 ou le 15 novembre, et j’y passerai six ou sept jours. Le but de mon voyage est la retraite que je prêche chaque année, vers cette époque, à la petite communauté de la Mère S…

Ce sera pour moi un changement de vie qui me reposera de mon labeur prolongé. Le meilleur repos sera de revoir un instant mes amis, de vous revoir, vous que je place au premier rang.

Nous nous ménagerons, n’est-ce pas ? quelques bonnes heures, car nous aurons beaucoup à dire. Vous avez à me raconter les impressions que vos voyages de cet été vous ont laissées, à me communiquer vos jugemens sur le coin d’Allemagne que vous avez vu. Moi, je vous parlerai de mon livre et