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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/886

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de la question pratique de sa publication. Je vous ai demandé, mon ami, de vous en charger. C’est un grand service que vous pourrez me rendre. J’ai déjà reçu cinq ou six lettres d’éditeurs parisiens, que j’ai poliment éconduits. Je vous les montrerai, je vous donnerai pleins pouvoirs d’agir en mon nom, et vous réglerez vous-même, en toute sagesse, cette ail aire. Je ne serai pas prêt avant Pâques. Il me faut encore six mois de travail. J’écris en ce moment mon XXVe chapitre, mais il m’en reste une douzaine à rédiger. L’œuvre marche régulièrement, jour par jour. Dieu me donne le calme, la pleine disposition de mes forces, et je les emploie comme un sage ouvrier, sans perdre ; une minute. La figure divine de Jésus m’éblouit, et je vis de cette lumière, en priant pour qu’elle luise aux yeux de mes amis. Notre sagesse humaine est un néant, lorsqu’on la compare à celle du Christ ; et, malgré la décadence des Ames de ma génération, je reste plein d’espoir en Celui qui est venu sauver le monde, et dont les trésors de salut ne s’épuisent pas.

Adieu, mon cher ami, à bientôt. Je me fais une fête de vous revoir et de m’asseoir à votre table dans l’intimité. Dites-le à votre femme et à vos filles, en leur rappelant ma profonde affection. Je vous embrasse comme un frère.


Le P. Didon me chargea de trouver un éditeur pour la publication de la Vie du Christ et de stipuler avec cet éditeur les conditions du traité. Il s’en rapportait sur ce point complètement à moi. Cette confiance absolue me touchait infiniment. C’était à la fois un témoignage de haute estime et de fraternelle amitié.

Je m’adressai à M. Eugène Pion.

L’honorable éditeur, bien qu’il eût pour le Père une profonde admiration, était loin de s’attendre au succès qui était réservé à la Vie de Jésus. C’est à peine s’il prévoyait trois ou quatre éditions. Le livre en eut plus de quarante. Il produisit un immense effet. Il y eut une édition in-octavo, et, plus tard, une édition populaire. Il fut traduit en italien, en allemand, en anglais, dans plusieurs autres langues.


Flavigny-sur-Ozerain, 31 mars 1889.

Il y a longtemps, en effet, mon cher ami, que nous n’avons échangé un mot d’affection. Et cependant, je puis vous le dire sans banalité, il ne se passe guère de jour où, dans ma religieuse et laborieuse retraite, je ne pense à vous et à ceux que