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d’elle-même, qui a de la grâce, de l’émotion, un talent menu et des plus agréables.


La Passerelle est une comédie ingénieuse et leste. La donnée en est une sorte de transposition de celle du Chandelier. Le Code, qui a pour les divorcés toutes les complaisances, rend à l’épouse divorcée ce service de lui interdire d’épouser son complice. Hélène a été pincée en flagrant délit avec Roger. Impossible d’épouser Roger. Un avoué, habile homme, leur suggère ce moyen : Roger va épouser une jeune fille quelconque. Ce sera un mariage pour rire, bientôt dissous par un nouveau divorce et qui aura servi de « passerelle » pour arriver à l’union des deux complices. Roger épouse en effet une nièce de l’avoué, qui se trouve être une jeune fille pauvre, jolie et rusée. Qu’arrivera- t-il ? On l’a tout de suite deviné. Le « chandelier » se fera aimer. Le mariage blanc sera un vrai mariage. Les deux époux se trouveront très bien sur la passerelle. Hélène sera dupe et victime. — Ce sujet, bien posé au premier acte, est développé en deux actes assez amusans et encore plus égrillards. Je crois que la pièce, un peu lente, aurait gagné à être poussée à la bouffonnerie.

La Passerelle servait de rentrée à Réjane et a été pour la spirituelle comédienne l’occasion d’un triomphe.


RENE DOUMIC.