En dehors de toute opinion et même de toute impression personnelles, comme si je ne savais rien de l’homme, ni de son histoire, ni de celle de son temps, et qu’à la manière du naturaliste je n’eusse jamais vu dans son œuvre qu’un « phénomène » à définir ou à caractériser, je voudrais retracer, très brièvement, dans ces quelques pages « l’évolution littéraire de Victor Hugo[1]. »
Oratoire donc, à ses premiers débuts, dans ses Odes et Ballades, purement oratoire, avec des rimes au bout des lignes inégales, et plus semblable à celui d’un rhéteur que d’un poète, le génie de Victor Hugo est devenu promptement « lyrique » sous l’inspiration des circonstances, et l’est demeuré, principalement ou exclusivement, jusque dans ses premiers drames et ses premiers romans : Hernani n’est qu’un duo d’amour ; et, de quelque façon que l’on définisse le « lyrisme, » s’il y a sans doute un roman lyrique, c’est Notre-Dame de Paris. Les Orientales, 1829 ; Feuilles d’Automne, 1831 ; les Chants du Crépuscule, 1835 ; les Voix intérieures, 1837 ; les Rayons et les Ombres, 1840 ; le
- ↑ La librairie Hachette publiait la semaine dernière le premier volume d’un Victor Hugo d’un genre assez nouveau. C’est un recueil de « Leçons, » professée à l’École normale supérieure, pendant l’année scolaire 1900-1901, par les élèves de 2e année, section des Lettres, et dont les auteurs ont lu, de près, et plutôt deux fois qu’une, les textes dont ils avaient à parler. J’y ai mis une courte Préface. Les pages qu’on va lire en sont le Post-scriptum, et forment la conclusion du second volume, qui paraîtra prochainement.