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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 8.djvu/390

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« Après les pêches sont venues les noisettes et les poires. Les noisettes charmaient la Princesse de Joinville, qui n’en avait jamais vu dans son pays. La reine s’amuse parfaitement de tout cela. Lord Liverpool rit bruyamment. Lord Aberdeen sourit slyement. Et tout le monde est rentré au château de bonne humeur.

« Midi et demi. — Nous venons de donner le grand cordon au prince Albert, dans son cabinet. Le Roi lui a fait un petit speech sur l’intimité de leurs familles et des deux pays. Une fois le grand cordon passé : — Me voilà votre collègue, m’a-t-il dit en me pressant la main ; j’en suis charmé.

« Je crois que la Jarretière ne tardera pas beaucoup : je vous dirai pourquoi je le crois. »

La Jarretière ne vint que l’année suivante. Le Roi la reçut à Windsor des mains de la reine, à qui il était allé rendre la visite qu’elle lui avait faite au château d’Eu.

Cette visite avait contribué à raffermir le ministère Guizot. Elle était aussi un grand bien pour la monarchie. Mais elle ne conjura pas, dans la mesure où on l’avait espéré, les difficultés si graves qui se dressaient entre l’Angleterre et la France. On sait combien ces difficultés passionnèrent l’opinion et avec quelles violences et souvent quelle injustice l’opposition d’alors les exploita contre le gouvernement de Juillet.


Ernest DAUDET