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LES ARTIFICES DE TOILETTE

I
LES FARDS


Heinrich Paschkis,Kosmetih für Arzfe. Zweite Auflage, Wien, 1893.


Nous lisons dans le livre d’Enoch, classé parmi les apocryphes de l’Ancien Testament, qu’avant le déluge, un ange déchu, Azaël, non seulement apprit aux hommes à forger épées et cuirasses, mais enseigna aux femmes l’art de se parer de bijoux, de teindre la laine de leurs vêtemens et enfin d’appliquer sur leurs visages de fausses couleurs. D’après cette vieille légende, le « maquillage » remonterait jusqu’aux débuts de l’humanité primitive.

Si l’extrême antiquité de la coutume de se peindre la face ne donne lieu à aucune discussion, il est au contraire malaisé de définir sans ambiguïté l’expression plus générale d’ « artifice de toilette. » Où commence, où finit l’artifice qui modifie l’aspect naturel de la tête, des membres, du corps ? Et même certains vêtemens, par leur nature, ne rentrent-ils pas à la, rigueur dans notre sujet ? Ainsi le gant de grande toilette, moulant avec précision la forme de la main chez les deux sexes, moulant aussi chez les femmes le contour des bras jusqu’au delà du coude, n’est-il pas destiné à figurer aux yeux une main ou un bras artificiels, de même forme que la main ou le bras nus, mais d’aspect plus agréable ? On peut en dire autant des chaussures de soirée