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en buvaient. » Dans son testament, daté de l’an 1306, l’impératrice avait fait don à cette église de la relique ainsi que de l’image miraculeuse de la sainte. La niche est fermée par une porte blasonnée aux armes des Lascaris. Un grand écusson de pierre aux mêmes armes, qui semble du XVIIIe siècle, quatre bien plus petits écussons de même, ceux-ci du XIVe ou XVe siècle, ayant fait certainement partie de la décoration primitive, complètent cet ensemble mesquin.

Settier dit dans son Guide de Valence que « doña Irène, comtesse de Lascaris, infante de Grèce, » est également enterrée dans cette chapelle. Certainement, c’était là quelque princesse de la famille impériale de Nicée qui suivit la basilissa Constance dans son lointain exil. Llorente dit qu’elle était fille du basileus Théodore Lascaris. Ce prince eut en effet une fille aînée de ce nom d’Irène, mariée au roi Constantin Tech de Bulgarie et les historiens espagnols disent que Violante, fille de cette Irène, épousa Pierre d’Aragon, seigneur d’Axerva, petit-neveu de Jaime Ier d’Aragon. Ils ajoutent que l’Église sépara en 1313 ces deux époux, parce que Pierre était marié déjà à une première femme encore vivante. Théodore Lascaris eut une autre fille appelée Eudoxie, mais que le Grec Nicéphore Grégoras et l’Espagnol Surita appellent tous deux Irène, et qui fut mariée à Guillaume, comte de Ventimiglia de Ligurie. Cette princesse, au dire de l’historien Mariana, aurait passé depuis en Espagne, Est-ce elle ou sa nièce Violante qui se trouve enterrée à Valence auprès de la basilissa Constance ?

J’ai pensé que la mélancolique histoire de cette touchante fille d’empereur, de cette basilissa byzantine, née en Italie, mariée dans l’antique Asie Mineure, morte aux rivages d’Espagne, offrirait de l’intérêt à quelques-uns.


GUSTAVE SCHLUMBERGER.