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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




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14 mars.

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La date des élections générales n’est pas encore fixée ; mais la période électorale est ouverte. Tous les partis prennent position, et les échos commencent à retentir des discours qu’on prononce déjà devant le pays. Cela nous distrait des discours purement parlementaires. On ne saurait, en vérité, rien imaginer de plus pauvre que les discussions qui ont rempli les dernières séances du Palais-Bourbon. Les ressources du budget sont littéralement mises au pillage par une Chambre expirante, qui cherche à se refaire une popularité auprès de telle catégorie d’électeurs, ou de telle autre. Pendant ce temps, une commission de la Chambre, animée de la vertu la plus farouche, prépare les projets de loi les plus sévères contre les candidats qui se rendront coupables de corruption électorale. Il n’est pas toujours bien facile de déterminer où commence cette corruption ; mais enfin ceux qui la pratiquent la font généralement à leurs frais. Que faut-il penser d’une Chambre qui se livre exactement aux mêmes procédés, mais plus en grand et avec l’argent des contribuables ? Quelques voix éloquentes, mais impuissantes, se sont élevées contre cette manière de discuter, ou plutôt de rançonner le budget. M. Ribot, par exemple, a fait un jour une observation à ce propos. M. Brisson s’est levé indigné, et a lancé une excommunication majeure contre les « anciens républicains » qui fournissent des argumens et des armes à leurs nouveaux amis, les nationalistes. Nous en sommes venus, de la part des radicaux, à ce degré d’intolérance. Après avoir supprimé, ou essayé de supprimer un certain nombre de libertés, ils s’en prennent à la liberté parlementaire elle-même. À quoi bon discuter le budget, s’il n’est plus permis de le faire librement ? N’a-t-on pas raison de détourner