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Est-il vrai que la nation française soit sous le coup de la condamnation prononcée par Montesquieu contre certaines races d’hommes, qui sont, déclare-t-il, « les gens les plus aptes à posséder inutilement un vaste empire ? »

Un arrêt, aussi visiblement inspiré d’une partialité qui fut longtemps de mode en la matière soulèverait aujourd’hui les protestations motivées de quiconque a suivi de près l’effort silencieux et persévérant de cette grande France du dehors, dont, l’expansion laborieuse peut être envisagée comme la manifestation la plus réconfortante de notre relèvement national.

Des chiffres et des faits sont venus répondre aux supputations décourageantes dont on accablait les ouvriers de la première heure, et les fantômes pessimistes s’évanouissent à la clarté des résultats obtenus. Assurément toutes les promesses ne sont pas encore réalisées, et la moisson n’est pas en grange, mais on la voit sortir de terre.

Dès le mois de novembre 1899, M. Doumergue, censeur équitable et documenté, mais peu indulgent, de nos mœurs financières en matière coloniale, disait dans son rapport sur le budget du ministère des Colonies : « Ce qui n’est pas douteux, c’est que le mouvement commercial des colonies françaises va d’une façon générale en augmentant. Certaines d’entre elles, comme les colonies de la côte d’Afrique, à l’exception du Congo, sont même arrivées à réaliser des recettes suffisantes pour payer toutes leurs dépenses civiles. Le Sénégal lui-même… » Et il concluait