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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 8.djvu/85

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filature, soit de tissage ? Cela leur donnerait de beaux bénéfices et leur assurerait directement cette clientèle que la politique coloniale leur avait promise. Voilà qui serait une conduite sage et pratique, voilà qui serait tirer parti efficacement des colonies. Pénétrant sur ce terrain de l’Indo-Chine avec leur expérience consommée de l’industrie, ils trouveraient sous leurs mains la matière première, la main-d’œuvre, la force motrice et, tout à côté d’eux, la clientèle, avec les types, dans toute leur variété, des produits qu’elle peut désirer. Dans ces conditions, le succès serait chose assurée ; on se demande pourquoi nos industriels n’en profiteraient pas. »

Quant à l’agriculture tropicale, elle a, Dieu merci, mieux à faire que de la vigne ou du blé d’exportation ! Que si cependant l’on veut à tout prix assurer l’avenir contre des éventualités improbables, ce n’est pas à la patente stérilisatrice qu’il faut faire appel, mais plutôt à des droits de sortie qui, tout en laissant à chaque colonie la liberté d’action indispensable pour la production de ce qui sera nécessaire à sa subsistance, lui interdiront de porter concurrence aux produits métropolitains sur leurs marchés naturels et même sur nos autres marchés coloniaux. Ce droit de sortie aurait, en outre, l’avantage d’offrir, dans les rares colonies où il trouverait matière à s’exercer, une compensation financière aux charges imposées de son fait, puisque le produit de ses recettes couvrirait dans une certaine mesure le préjudice causé aux intérêts locaux par les restrictions apportées au développement de certaines industries.

Ouvrir largement l’accès de la métropole aux produits de nos colonies, en vue de leur créer des ressources qui se consacreront inévitablement en grande partie à l’acquisition des produits de la mère patrie ; — abolir des privilèges dont l’abus peut donner passage à des fraudes gravement préjudiciables aux intérêts communs, mais assurer dans cette brusque transformation législative le respect des droits acquis par les intérêts privés ; enfin garantir à chacune de nos possessions le libre exercice du droit de développer toutes les formes de production nécessaires à sa consommation locale, mais en préservant la mère patrie contre les éventualités d’une concurrence coloniale sur ses marchés intérieurs ; telles sont les fondations toutes prêtes sur lesquelles il est désormais facile d’édifier solidement notre nouveau régime.