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rendit au jour, ces précieux ouvrages grecs disparurent sous des couches d’enduit portant des peintures modernes.

Les sujets les moins intéressans ne sont pas ceux que présentent les murs des deux escaliers conduisant aux galeries. Jadis ces escaliers partaient de la cour et non pas de l’intérieur même de l’église, ce qui explique le caractère profane des fresques en question. Ce sont des scènes de cirque, des épisodes de chasse, des représentations d’appartemens royaux où figurent les empereurs et leurs familles, le tout fournissant d’inestimables détails sur les costumes, les armes, les jeux, les danses nationales de l’époque antérieure à la domination mongole. Nous redescendons dans l’église au moment où la multitude assemblée passe de la prière à la confession. Confession faite à voix basse, debout devant l’autel. Très certainement il ne s’agit que d’avouer les péchés mortels, car tout est fini en un clin d’œil. Notre guide nous conduit au milieu des pénitens pour nous montrer de plus près la porte royale de l’iconostase, une grille d’argent massif avec ornemens dorés en relief. Il nous donne presque à voix haute des explications, sans que le prêtre ni les fidèles en semblent troublés le moins du monde : c’est l’habitude en Russie de visiter les églises, même au cours des offices.

Il y a beaucoup à voir dans celle-ci. Successivement les chapelles s’ouvrent ou plutôt s’entr’ouvrent devant nous, l’entrée du saint des saints étant interdite aux femmes. La principale est la chapelle Saint-Vladimir qui renferme le tombeau du fondateur du temple, Jaroslav Vladimirovitch, décédé en 1054 ; le sarcophage est en marbre d’un blanc bleuâtre ; sur les côtés du prisme quadrilatéral qui le forme et sur le haut couvercle, j’ai le temps de distinguer des décorations en relief de croix à quatre branches, de palmes, d’arbres, d’oiseaux, d’étoiles renfermées dans des disques.

Les pèlerins s’agenouillent devant ce qu’on leur dit être la dernière demeure du grand prince qui donna un droit écrit à la Russie et qui fonda des villes ; mais ils fourmillent bien plus nombreux autour des vieilles images thaumaturges dont la vétusté disparaît sous un revêtement de pierreries. On conduit les malades, les enfans, à l’image de Koupiatisk par exemple, qui fît tant de miracles depuis le XVIe siècle, où une jeune fille la trouva parmi les branches d’un arbre ; et surtout à la plus ancienne de toutes les icônes russes, celle du saint pontife Nicolas