attacher trop d’importance ; il devait surtout insister sur les raisons de nature à amener un concert avec Berlin et sur les avantages considérables que l’Empereur recueillerait en retour de sa bonne volonté envers le développement des principes vitaux (Lebenskeim) de la Prusse et la formation progressive, d’une grande puissance de l’Allemagne du Nord. La Prusse, jusque-là englobée dans les liens de la Sainte-Alliance, avait vécu, pendant plus de quarante ans, sous la tutelle de l’Autriche, de la Russie, de l’Allemagne entière ; elle espérait être sortie pour toujours de ces erremens. Ce programme franchement exposé à Paris y devait être agréé, et l’Empereur ne voudrait pas, en créant des difficultés, en élevant des exigences impossibles à satisfaire, obliger la Prusse à revenir sur ses pas et à substituer la politique de la peur, dans laquelle elle avait vécu pendant quarante ans, à la politique d’ambition qu’elle poursuit aujourd’hui.
Dans la seconde dépêche, Bismarck donnait des éclaircissemens sur diverses clauses, sur celle notamment qui attribuait à la Prusse le Sleswig plutôt que le Holstein ; un système d’assimilation rassurant tous les intérêts procurerait assez promptement à la Prusse des succès bien plus sérieux que ceux que lui eût procurés l’acceptation des conditions de février. Il insinuait que l’Autriche semblait n’avoir exigé le secret de la convention que pour se donner, auprès du gouvernement français, les bénéfices d’une révélation prématurée, et il réitérait son intention de tenir compte du principe des nationalités et du vœu des populations.
Goltz, partisan de la politique de la Diète et non de celle de Bismarck, ne voulait pas entendre parler du partage du Sleswig, dont il désirait l’indivisibilité sous Augustenbourg. Il s’acquitta mal de sa commission, n’annonça pas la convention de Gastein, ne transmit pas les explications rassurantes de Bismarck qui l’atténuaient, de sorte que, l’Autriche ne l’ayant pas révélée malgré la supposition de Bismarck, elle tomba à Paris comme une bombe. L’Empereur, qui se croyait sûr de l’amitié de la Prusse, se crut joué, trahi : il ne supposait pas que, dans l’état d’irritation réciproque des deux puissances germaniques, un accord se fût subitement opéré sans de sérieuses concessions de la part de l’Autriche ; il craignit que le sacrifice de l’Italie ne lut la rançon de la paix en Allemagne, et il voyait emportées à la fois l’espérance de son Congrès œcuménique et la délivrance de la