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d’alimentation d’une maison du type dont nous parlons a une capacité de 600 à 700 litres, ce qui, avec les 200 litres du réservoir spécial à eau chaude, met 900 litres à la disposition de 4 à 6 personnes qui n’auront qu’à étendre la main pour avoir, dans toute l’habitation, de l’eau chaude ou froide à discrétion.

L’inconvénient grave, c’est qu’en été, — à part de rares quartiers recevant des puits artésiens de l’eau fraîche non mélangée, — l’eau est tiède. Cela évite son emploi comme réfrigérant, qui est l’une des principales causes de gaspillage de l’excellente eau de source de Paris. Un autre inconvénient, moindre, tient à l’obligation de remplir son réservoir à une heure déterminée.

Tel est le service des eaux pour la population de Londres.

L’humidité du climat, la fréquence des pluies, ont réduit le service public à sa plus simple expression. Alors qu’à Paris, près de moitié du volume d’eau élevé ou amené journellement est employé au lavage ou à l’arrosement de la voie publique et des promenades, c’est à peine si, à Londres, on y consacre 6 pour 100 de l’eau pompée par les compagnies dans la Tamise.

La proportion des maisons desservies n’est pas davantage comptable dans les deux capitales. A Londres, sur 100 maisons, en 1900, il y en avait 95 desservies en eau ; sur les 86 000 maisons parisiennes, il y en avait encore plus de 15 000 sans aucune prise d’eau, et, dans beaucoup de celles desservies, il n’y avait pas d’eau dans tous les logemens.

Si, avec des eaux médiocres, une agglomération triple, un air lourd, un ciel brumeux chargé de fumée de houille, Londres a une mortalité inférieure à celle de Paris, où le ciel est souvent pur et radieux, où le climat est plus tempéré, où les eaux d’alimentation sont supérieures, cela tient pour beaucoup aux mérites hygiéniques et moraux de la maison anglaise.


II. — PARIS

Paris, ou plutôt Lutèce, fut autrefois alimentée par les sources amenées par les aqueducs gallo-romains de Chaillot et d’Arcueil, dont la destruction remonte, sans doute, à l’invasion des Normands. A dater de cette époque jusqu’au milieu du XIIIe siècle, il n’y eut plus, à proprement dire, de service des eaux.

A la fin du XIIIe siècle, on rétablit de nouveaux aqueducs,