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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 9.djvu/627

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rivière, ce grave inconvénient qui consiste à rester troubles, louches, pendant des mois.

Il faut espérer que le principe appliqué par Belgrand ne sera pas renié par ses successeurs au service des eaux de Paris, bien qu’ils aient déjà essayé de nous faire revenir à l’eau de rivière filtrée.

La création de filtres à sable à Saint-Maur en 1897, à Ivry en 1899, qui a permis d’épurer, — relativement, — 60 000 mètres cubes d’eau de la Marne et de la Seine, devait fournir un moyen temporaire de parer aux exigences de la consommation aux jours de grande chaleur, en ajoutant cet appoint d’eau de rivière filtrée aux eaux de source. Mais la population n’a pas été satisfaite de cette solution, et il est certain que le principe de la double alimentation, pour la réalisation duquel on a fait de si coûteux sacrifices, devra continuer à dominer le service des eaux de Paris et à proscrire tout mélange d’eau de source et d’eau de rivière.

L’œuvre de Belgrand a eu pour conséquence directe un abaissement notable de la mortalité générale à Paris et plus spécialement de la mortalité zymotique. Si une ou deux sources primitivement captées risquaient d’être contaminées par des infiltrations superficielles, les précautions sont maintenant prises pour empêcher toute souillure, et une inspection incessante des travaux, une surveillance du territoire des sources, aux points de vue hygiénique et médical, permettent d’éviter dorénavant toute contamination. Les campagnes de presse ont obtenu, cette fois, ces excellons résultats. Il n’y a plus le moindre prétexte pour renier l’idée géniale de Belgrand et pour revenir en arrière.

Si le Parisien utilisait aussi bien l’eau pure mise à sa disposition que l’habitant de Londres tire parti de l’eau douteuse de la Tamise et de la Lea ; si les architectes parisiens adoptaient pour nos logemens une distribution d’eau analogue à celle de la maison anglaise, comme le Parisien dispose chaque jour de 300 litres d’eau, dont 100 litres d’eau de qualité parfaite, la supériorité du système de Paris serait éclatante, car le bas prix de vente permet d’employer l’eau avec profusion.

Les tarifs sont, en effet, très modérés.

L’eau de source est payée 0 fr. 35 le mètre cube d’après les indications du compteur, sauf si elle est utilisée, grâce à la