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A la mort de Belgrand, en 1878, le volume des eaux mis chaque jour à la disposition des Parisiens était de 370 000 mètres cubes, dont 122 000 mètres cubes d’eau de la Dhuis et de la Vanne, 105 000 mètres cubes d’eau de l’Ourcq, 88 000 mètres cubes d’eau de la Marne et 7 000 mètres cubes d’eau d’Arcueil et des puits artésiens.

Il avait réussi, en vingt ans, à accroître le volume quotidien disponible de 300 000 mètres cubes et à substituer, pour les trois quarts des distributions, l’eau de source aux eaux de rivière. Mais son œuvre gigantesque était inachevée.

Dès 1881, l’insuffisance du volume disponible en eau de source se manifestait l’été par suite d’une augmentation considérable de la consommation privée, due à l’emploi de l’eau de source comme réfrigérant. L’épidémie de choléra de 1884 attirait à nouveau l’attention du public et des élus sur les graves dangers que peut entraîner la distribution de l’eau de Seine mélangée à l’eau de source pour les usages domestiques ; et, sur la proposition de Couche, le disciple et le successeur de Belgrand, le Conseil municipal décidait l’adduction de nouvelles sources de la région ouest : l’Avre, le Loing, le Lunain, le Durteint et la Voulzie, chantée par Hégésippe Moreau.

En même temps, en vue d’enrayer le gaspillage, on imposa à tous les abonnés l’emploi du compteur pour la distribution.

La dérivation des sources du Loing et du Lunain, autorisée seulement le 21 juillet 1897, est réalisée depuis un an et fournit aux anciens réservoirs un supplément de 50 000 mètres cubes d’eau pure. Celle de l’Avre, commencée en 1891 et achevée au mois de mars 1893, amène aux nouveaux réservoirs établis sur les hauteurs de Montretout, à 107 mètres d’altitude, 100 000 mètres cubes par jour. Toutefois on estime que ce volume supplémentaire est encore insuffisant et qu’il est nécessaire, pour faire face, en toute occasion, aux besoins de la consommation, de se procurer l’eau de nouvelles sources.

On avait un moment songé à dériver les eaux que laisse échapper le lit sablonneux de la Luire, en amont de la perte qui forme le Loiret près d’Orléans. Mais Belgrand, dans son livre Les Eaux, les a disqualifiées en ces termes : « Certaines eaux restent louches pendant des mois entiers de repos ; telle est l’eau de la Loire… » Il n’est donc pas admissible que l’on dérive des eaux ayant, outre les défauts inhérens à toutes les eaux de