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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 9.djvu/708

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Au point de vue topographique ils sont groupés de manière à jalonner les bords des principales dépressions géographiques. Leurs alignemens marquent les limites naturelles des grands compartimens de l’écorce terrestre. L’océan Pacifique, par exemple, est en quelque sorte enclos dans une ceinture de volcans qui le borne avec plus de précision, aux yeux du géologue, que ne font ses rivages réels. C’est un immense cercle de feu qui commence à la presqu’île d’Alaska, avec des volcans hauts de 4 000 mètres, se continue le long de la côte orientale de l’Amérique, par les volcans de la Colombie anglaise, les cratères généralement au repos de l’Orégon et de la Californie ; se poursuit par la riche série éruptive du Mexique, par la suite des cratères de l’Amérique Centrale, les 16 pics éruptifs de l’Equateur, les 23 du Pérou, de la Bolivie et du Chili ; ces derniers allant, par la Terre de Feu et les Shetlands du Sud, rejoindre les cratères antarctiques l’Erebus et le Terror. La ligne remonte alors, jalonnée par les cônes fumans de la Nouvelle-Zélande, les Nouvelles-Hébrides, les îles de la Papouasie, par les 200 volcans des îles de la Sonde, des Philippines et des Moluques, dont 49 sont actifs ; par les solfatares de Formose, les 129 volcans du Japon dont 35 en pleine activité éruptive et parmi eux le colossal Fousiyama, — les 23 volcans des Kouriles, dont un tiers à peine est au repos, les 33 du Kamtchatka, les 34 des îles Aloutiennes. Cette sorte d’immense Cordillère volcanique enserre la fosse Pacifique avec une telle solidité que les limites de cet immense compartiment de l’écorce terrestre se sont montrées depuis une longue série d’époques géologiques d’une fixité presque absolue.

Nous n’avons pas le dessein de suivre en détail la répartition des volcans dans l’Atlantique, l’océan Indien, ou la Méditerranée. On trouvera tous les renseignemens que l’on peut souhaiter à cet égard dans les ouvrages, admirables de méthode et de richesse documentaire, de M. A. de Lapparent[1]. Bornons-nous à rappeler que, pour l’Atlantique, ce n’est point le long de ses bords que s’échelonnent les formations volcaniques, c’est dans la partie la plus profonde de son lit, le long d’une ligne qui en marque l’axe du nord au sud. Cette sorte d’épine dorsale atlantique a pour vertèbres les volcans de l’île Jan Mayen, de l’Islande, des Açores, des Canaries, du Cap-Vert, les monts Cameroun sur la côte de Guinée, l’île de Fernando-Po, et les pics éteints d’Ascension, de Sainte-Hélène et de Tristan da Cunha.

Quant aux volcans des Antilles, en dépit des apparences et bien

  1. Voir en particulier la 4e édition de son Traité de Géologie, Masson, 1890, et aussi la face de la terre, de Ed. Suess, Armand Colin, 1897-1901.