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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 9.djvu/755

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parfois de faire précéder le bond par un feu plus actif, qu’interrompait un coup de sifflet. Mais il fut reconnu que cette méthode ne pouvait pas se généraliser. Certains hommes, toujours les mêmes, tardaient à les suivre.

« Presque tous les officiers prirent alors l’habitude d’envoyer à l’abri suivant des gradés ou des hommes de bonne volonté, tandis qu’ils surveillaient le mouvement de leur groupe. La contagion de l’exemple a toujours été un plus puissant ressort pour mouvoir les hommes en avant qu’une poussée venue de l’arrière. Les nouveaux venus avaient une tendance à adhérer aux mêmes abris que leurs camarades.

« La ligne de tirailleurs, telle qu’elle était constituée au début, ne tardait pas à se briser sous l’influence du terrain. Par l’attirance qu’ils exerçaient sur tout ce qui les approchait, les abris régissaient les intervalles et fixaient la forme de la ligne de combat.

« Si, le lendemain d’une action, on parcourait le champ de bataille, les diverses densités de la ligne de combat étaient marquées par les quantités d’étuis vides ou pleins qui la jalonnaient. Dans les espaces découverts, on ne trouvait aucun étui.

« Le combat de prise de contact (contending line) a maintenant fixé l’ennemi sur son front. L’action de l’artillerie l’a occupé sur ses deux ailes. L’ennemi ne bougeant pas, l’attaque enveloppante va prendre une envergure considérable. Elle ne se préoccupe que de découvrir l’extrémité de la ligne et de la tourner (turning movment).

« Les élémens de l’attaque enveloppante sont restés à cheval. Ils débouchent de leurs abris par pelotons de 25 à 30 cavaliers, à 5 ou 6 mètres d’intervalle. Dans un même escadron, les 4 pelotons se tiennent à des intervalles de 100 à 150 mètres.

« Dans le mouvement, l’indépendance de manœuvre pour chacun des pelotons est complète. Ils ont une direction générale, mais pas d’objectifs fixes. Les groupes s’avancent d’abris en abris dans des directions obliques qui se traversent fréquemment les unes les autres. Cette marche en zigzags donne au spectateur placé en arrière des troupes l’impression qu’elles ne font qu’aller et venir et n’avancent pas. Les hommes et les chevaux atteints constituent les repères qui témoignent de la progression des groupes.

« Cette marche donne à l’ennemi l’impression de cavaliers tra-