Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 9.djvu/760

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les mitrailleuses de bataillon n’avançaient plus.

« Il n’était pas rare que les compagnies de première ligne eussent employé plusieurs heures pour franchir cette distance de 3 000 à 800 mètres.

« À partir de 800 mètres, commençait le dernier acte de la bataille. Les fractions qui avaient sur leur front un terrain découvert s’arrêtaient, entretenaient la fusillade et s’en remettaient à ce qui allait se passer sur leurs flancs (6e division Kelly-Kenny, à Paardeberg, le 18 février).

« Les élémens qui disposaient au contraire d’un terrain coupé ou couvert d’obstacles continuaient à se rapprocher. Tel fut, dans le même combat de Paardeberg, le rôle de la 9e division Colville. À cheval sur les deux rives de la Modder, elle put utiliser les sinuosités de la vallée et les terrains broussailleux des bords de la rivière.

« La marche en avant dans la zone inférieure à 800 mètres est le problème le plus ardu qu’on ait eu à résoudre. À partir du moment où l’on s’engageait dans cette zone, les obstacles favorisaient inégalement les différentes fractions. Quelques-unes pouvaient se trouver inopinément rapprochées de l’ennemi, tandis que d’autres en étaient encore à grandes distances. La ligne de combat affectait alors des sinuosités qui la mettaient à la fois à 400, 600, 800, 500 mètres, etc., de la ligne de défense. C’est à ces faibles distances que se trouvèrent engagées les premières lignes de la 9e division à Paardeberg, les têtes de colonne de la brigade écossaise à Maggersfontein et les 2e, 4e et 5e brigades à Colenso.

« Les divers officiers qui ont pris part à ces combats rapprochés affirment que la direction du combat est absolument hors de la main des généraux et des officiers supérieurs. Elle ne repose alors que sur l’initiative des sous-officiers et des soldats, accidentellement guidés par le geste ou par l’exemple d’un officier subalterne.

« Dans cette action violente, chaque homme engage sa vie et s’applique surtout à se couvrir. Il ne tire que lorsqu’il s’est assuré le couvert d’un abri. Lorsqu’il est assez près de l’adversaire pour l’entrevoir pendant l’éclair d’un bond à toute course, l’homme ne songe guère à ses chefs ni à ses voisins. Il ne désire l’arrivée d’aucun renfort qui attire un redoublement du feu ennemi. La qualité de l’abri importe plus que tout le reste ; il immobilise