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l’homme, mais le rend aussi moins accessible aux impressions qui pourraient l’inciter à battre en retraite. Il a, en effet, conscience que, dès qu’il le quitte pour se porter en avant ou pour fuir, le danger est le même. Cette adhérence à l’abri, surtout aux petites distances, a été un fait constant avec lequel le commandement avait à compter.

« À ce moment du combat, il fallait faire le plus pressant appel à toutes les qualités naturelles ou d’éducation du combattant : courage individuel et mépris de la mort, aptitude à utiliser le terrain pour progresser, décision, habileté dans le tir. C’est dans cette épreuve suprême, et là seulement, qu’il est possible de juger la valeur d’une troupe. »

Les qualités personnelles du soldat étaient alors le facteur décisif. L’officier, souvent séparé du gros de son essaim de tirailleurs et momentanément lié au sort de ses deux ou trois voisins immédiats, n’avait plus qu’une action restreinte.

En général, l’affaire ne se décidait que sur les portions du champ de bataille où l’engagement paraissait le plus vif, car, sur ces points, par le fait même que la lutte était meurtrière, elle gardait un certain caractère de prudence. Les Boers restaient rivés à leurs abris et les assaillans hésitaient à quitter les leurs pour affronter la rafale de plomb.

Cependant, des attaques violentes ont eu lieu dans quelques circonstances. Celle exécutée le 10 mars 1900 à Abraham’s-kraal par les bataillons Essex et Welsch de la division Kelly-Kenny contre les forces de la police régulière de Johannesburg est célèbre.

Repoussés deux fois par le feu des Boers, les Anglais réussissent à la troisième attaque. « Un cheminement fait en rampant par certains groupes avait amené des fusils sur le flanc des Boers, qui laissèrent derrière eux une centaine de tués ou blessés. Une autre attaque de front, menée le 28 août 1900 à Machadodorp, dans des conditions analogues, fut également couronnée de succès.

« Les Anglais, après avoir tâté la ligne ennemie, par des actions commencées les 26 et 27 août à la chute du jour, et dans des directions telles que les Boers avaient le soleil couchant dans les yeux, s’étaient résolus à percer le centre.

« Le 26, le feu d’une nombreuse artillerie, concentré sur une position restreinte et sans profondeur, fut si violent que les Boers