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affectueuse pour le prince Napoléon : il se montrait fidèle aux convictions de toute sa vie.


XIII

Les opinions étaient unanimes : restait à savoir ce que seraient les actes.

Chez Gortchakof, la résolution n’allait jamais au-delà des phrases. D’ailleurs, son souverain ne lui aurait pas permis d’être méchant envers son oncle bien-aimé. Sa grande colère se réduisit donc à prescrire à son agent de Bucharest la plus grande réserve : « Il attendrait, pour apprécier autrement la démarche du prince, de savoir comment elle serait jugée par la Conférence. Si elle se trouvait trop accommodante au fait accompli, il s’en retirerait. »

Les Turcs furent agressifs comme leur ambassadeur de Berlin l’avait été. Le prince Charles, en prenant possession de son gouvernement, expédia un télégramme de soumission au Grand Vizir : « Appelé par la nation roumaine à être son Prince, j’ai cru de mon devoir d’écrire au Sultan pour lui exprimer mes sentimens de dévouement et la ferme résolution que j’ai de respecter les droits de la Sublime Porte. » Cette marque de déférence n’apaisa pas. Aali télégraphia à Sawfet, son ambassadeur à Paris, « que le gouvernement ottoman ne voyait plus d’autre moyen de faire respecter dans les Principautés les traités et les décisions de la Conférence que l’occupation militaire (24 mai 1866). »

La Conférence se réunit aussitôt (25 mai 1866). Sawfet déposa sa protestation et lut à titre officieux la dépêche menaçante reçue la veille. Cette communication ne donna lieu qu’à un échange d’observations, et ce fut contre la Turquie et non contre les Roumains que les braves diplomates se prononcèrent : ils lui notifièrent à l’unanimité que la Porte ne pouvait, en aucun cas, intervenir sans une entente préalable avec les cours garantes, aux termes de l’art. 27 du traité de Paris et de la Convention du 19 août 1858.

Sur le fond même de l’affaire, l’intérêt fut dans le dialogue entre Budberg et Goltz. Budberg demanda : « Comment se fait-il que le prince de Hohenzollern, appartenant à l’armée prussienne, ait pu quitter le service pour se rendre dans les Principautés ?