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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 9.djvu/865

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LE DUC DE BOURGOGNE
EN FLANDRE

II[1]
LA BATAILLE D’OUDENARDE


I

La campagne qui s’ouvrait en Flandre ne pouvait manquer d’amener quelque action décisive. Des deux côtés, on y était résolu. Marlborough avait, dans les premiers jours de mars, pris le commandement de l’année anglo-hollandaise réunie entre Louvain et Bruxelles ; il savait sa situation personnelle menacée en Angleterre par la mésintelligence qui commençait à naître entre la duchesse sa femme et la reine Anne, ainsi que par l’ébranlement du cabinet whig, au pouvoir depuis vingt ans ; il savait également que les Hollandais, dont l’arrogance devait quelques années plus tard rendre si difficile la conclusion de la paix générale, étaient pour lors découragés par la prolongation de la guerre, et qu’ils inclinaient à un traité séparé. Aussi sentait-il la nécessité de frapper quelque coup dont le succès maintiendrait tout à la fois dans la fidélité des alliés prêts à se dérober, et rétablirait son crédit chancelant. Il avait quitté l’Angleterre, résolu à livrer bataille. « Je suis convaincu, écrivait-il à Godolphin, que rien ne pourrait être plus profitable aux intérêts de la Reine, » et, quoiqu’il ajoutât dans une autre lettre

  1. Voyez la Revue du 1er juin 1902.