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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 9.djvu/905

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prospérité et même de gloire, contribuent à donner à la baie de Somme une certaine animation : Abbeville, Saint-Valéry et le Crotoy.

Malgré l’importance qu’a prise depuis quelques années la poche dans les eaux de Cayeux, on ne saurait considérer ce petit mouillage comme un véritable port. Cayeux n’était, il y a deux cents ans, qu’une assez pauvre agglomération de masures échelonnées sur le bourrelet de galets qui chausse la falaise du Bourg-d’Ault et s’est avancé en se fortifiant et s’exhaussant sans cesse. Les eaux de la Somme et celles de la mer inondaient encore à la fin du siècle dernier ce qui devait devenir la plaine des Bas-Champs. Sous le ministère de Colbert, on eut l’excellente idée de fermer quelques coupures de ce cordon littoral, qui s’est depuis graduellement transformé. Cayeux est devenu à la fois une grosse station de pêche et un séjour de bains de mer très fréquenté ; mais ce n’est pas un port, et il n’y a ni bassins, ni quais. C’est une simple plage sablonneuse le long de laquelle les pêcheurs liaient leurs bateaux. Par les beaux temps, cependant, quelques caboteurs y font un petit commerce d’exportation de légumes et de galets pour les fabriques anglaises ; mais, lorsque les vents soufflent avec force du large, l’atterrage est pénible, quelquefois même dangereux, et les pêcheurs préfèrent remonter un peu vers le Nord pour aller s’abriter derrière la digue du Hourdel.

Le Hourdel actuel, musoir de la rive gauche de la Somme, est de construction toute récente. C’est en quelque sorte le faubourg avancé, de Cayeux. Quelques maisons seulement à l’extrémité de l’épi de galets de près de 15 kilomètres, enraciné à la falaise du Bourg-d’Ault, et qui a déterminé la formation du polder des Bas-Champs. L’ancien Hourdel, celui du temps de Louis XIV, est à trois kilomètres au Sud-Ouest, à mi-chemin de Cayeux. C’est là que se trouvait alors la pointe extrême de l’épi, qui s’est avancé, comme on le voit, assez rapidement, et le Hourdel a marché avec lui. Le port n’est d’ailleurs qu’un bassin d’échouage, un simple abri. Presque pas de mouvement commercial. A peine une douzaine de bateaux anglais y entrent-ils sur lest pour y charger quelques galets. Point d’exportation. La pêche locale y est très peu importante ; mais c’est le refuge de beaucoup de petits caboteurs surpris dans la baie de Somme par le mauvais temps et surtout de tous les pêcheurs de Cayeux, dont la flotte compte près d’une centaine de voiles.