Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 13.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

apprend le désastre. Il se décide à battre en retraite sur Laon par Rethel. Il ignorait qu’il avait sur sa gauche, à 5 ou 6 kilomètres de la route qu’il allait suivre, la 6e division de cavalerie du duc Guillaume de Mecklembourg-Schwerin et, phis au sud, la 5e division de cavalerie du général comte Rheinbaben, tandis que le 6e corps prussien tenait la ligne de l’Aisne avec la 12e division d’infanterie à Rethel, la 11e échelonnée de Rethel à l’Argonne.

Le 2 septembre, au lever du jour, la 6e division de cavalerie prussienne découvre la marche du 13e corps français et avertit aussitôt la 5e division de cavalerie et le 6e corps prussien. Mais ces deux divisions, au lieu de gagner la tête de la colonne française et de lui barrer la route avec leurs carabines et leurs canons, se contentent d’envoyer quelques salves inoffensives et de faire caracoler sur son flanc gauche quelques cavaliers en patrouille. Le général Vinoy, sachant Rethel occupé par l’ennemi, reporte sa ligne de marche au nord de cette ville et prend sa direction de retraite vers l’ouest, sans que les deux divisions de cavalerie allemande songent à l’y suivre,

De son côté, le 6e corps prussien, au lieu de lier son action à celle des 5e et 6e divisions de cavalerie et de se tenir en contact avec la colonne française, préjuge de la direction que suivra celle-ci le lendemain et va occuper Château-Porcien sur l’Aisne, tandis que le général Vinoy reporte sa marche à 10 kilomètres plus au nord sur Chaumont-Porcien. Il arrive à Montcornet dans la soirée du 3 septembre, n’ayant perdu que 40 hommes tués ou blessés et 56 disparus, après une marche de 72 kilomètres en quarante heures.

Comment le général Vinoy a-t-il pu sauver sa colonne, dans la situation critique où elle se trouvait ? Quelle résistance aurait-il été capable de surmonter ? Une des deux brigades était formée de conscrits, qui ignoraient l’usage de leurs armes et dont les fusils étaient plus dangereux pour leurs camarades que pour l’ennemi.

Rien n’était plus simple que de cerner la colonne Vinoy et de l’obliger à mettre bas les armes. Les deux divisions de cavalerie pouvaient, à leur gré, laisser passer la colonne et la poursuivre à revers, en la jetant sur la 12e division prussienne, ou la devancer sur la route de Rethel, avec une partie de leur effectif, tandis que l’autre partie se serait portée sur son flanc