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armée, nous avions 20 000 cavaliers à la frontière. Les Allemands se formaient au nord de la ligne Trèves-Spire. La plus grande partie de leurs troupes était sur la rive droite du Rhin ; la masse principale de leur cavalerie en arrière de l’infanterie, Le Palatinat était donc ouvert à nos incursions. Le grand état-major prussien ne comptait que sur la barrière du Rhin pour arrêter nos cavaliers. Ceux-ci ne bougèrent pas. Bientôt rassurés, les Allemands purent du 15 au 27 juillet, devant toute notre cavalerie immobile, garnir la ligne Trèves-Sarrebruck avec 9 bataillons et 8 escadrons et protéger ainsi leurs premières marches. Bientôt le prince Frédéric-Charles pouvait lancer à quatre jours de marche, en avant du front de la IIe armée, les 5e et 6e divisions de cavalerie, qu’il faisait soutenir sur chaque aile par une division d’infanterie. Cette cavalerie avait beau jeu. Elle ne rencontrait aucun obstacle. Cependant, au début, alors qu’elle pensait devoir se heurter à un adversaire sérieux, elle se montre prudente.

Du 1er au 5 août, elle précède l’infanterie d’une journée de marche (25 à 30 kil.). Le 5, alors que le contact est pris, elle n’est plus qu’à 5 kilomètres en avant de l’armée, et le 6 août, jour de la bataille, elle passe derrière l’infanterie. Aussi, à la fin de la journée n’est-elle pas à même d’entreprendre la poursuite de notre armée vaincue.

Cependant, au dire des Allemands, après la bataille de Reichshoffen, la déroute complète offrait une proie facile à la cavalerie. Celle-ci, trop loin du champ de bataille, ne put se porter en avant que le 7 au matin, alors que le contact était perdu. La faute commise en groupant la cavalerie en grosses masses et aux ailes, apparaît ici clairement. Il n’en reste plus sur le front.

Le 10 août, le maréchal de Moltke donne à sa cavalerie l’ordre de se porter en avant à grande distance, pour couvrir la marche des armées et rechercher celles de l’ennemi.

A partir de ce moment, la cavalerie allemande, rassurée par L’inaction de la nôtre, devient plus hardie. Elle lance des pointes d’officiers, dont l’audace eût été excessive sans notre inertie. Cependant cette cavalerie à qui rien ne s’oppose laisse, après Sedan, un de nos corps s’échapper.

Dans la nuit du 1er au 2 septembre, le général Vinoy, qui amenait le 13e corps au secours de l’armée du maréchal de Mac Mahon,