Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 13.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
DANS L’INDE AFFAMÉE

I
HYDERABAD. — GOLCONDE. — ODEYPOURE.


VERS HYDERABAD

Il n’y a plus de verdure, plus de grandes palmes ; la terre n’est plus rouge ; il fait presque froid... Et ce sont les étonnemens du premier réveil, au Nizam, quand on a voyagé toute la nuit, après avoir quitté hier la région encore si verte de Pondichéry et de Madras. On arrive ce matin sur le plateau central de l’Inde, au milieu des steppes de pierre, et tout est changé, — sauf le croassement des éternels corbeaux.

Des landes brûlées, des plaines grisâtres, alternent avec des champs de mil, qui sont vastes comme des petites mers. Au lieu des cocotiers superbes, quelques rares aloès, quelques dattiers maigres, épuisés par la sécheresse, apparaissent autour des villages, qui ont eux-mêmes changé d’aspect, pour prendre un faux air arabe. L’Islam a posé son empreinte ici sur les choses, — l’Islam qui d’ailleurs se complaît toujours aux régions mornes, à l’étincellement des déserts.

Changement aussi dans les costumes. Les hommes ne vont plus le torse nu, mais drapés dans des robes blanches ; ils ne portent plus de longues chevelures, mais s’enveloppent la tête dans des turbans.

La sécheresse augmente d’heure en heure, à mesure que l’on s’enfonce dans la monotonie des plaines. Les rizières, dont on voit encore les sillons tracés, sont détruites comme par le feu !