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il y a donc dans ces charges autre chose que le désir d’offrir aux assistans un spectacle impressionnant. Mais nos dragons envisageront un rôle plus élevé. Ils doivent songer aux attaques dirigées contre tous les moyens de communication, sans lesquels les armées ne peuvent pas vivre. Les chemins de fer ne sont-ils pas le but naturellement offert à toutes les entreprises hardies des jeunes officiers ? Tout nœud de chemin de fer dans la zone utile du réseau ferré est un nœud vital, et sa destruction peut amener la retraite forcée des troupes qu’il alimente. Nos dragons les attaqueront par la carabine et le canon. Ils ne pourront pas, il est vrai, se ravitailler en munitions. Qu’importe, si la destruction est accomplie. Ils perdront leur artillerie ? Qu’importe encore ; il y en a d’autre dans les arsenaux. Qu’ils atteignent le but, le reste est secondaire.

Cette étude n’est pas pour plaire à ceux des officiers de l’ancienne école qui, dans la création des divisions de cavalerie, ont cru pouvoir développer la puissance de l’arme, en groupant derrière eux de nombreux escadrons évoluant au geste.

Les armes nouvelles imposent des changemens dans l’organisation comme dans la tactique. Certes, les quiétudes peuvent en être troublées. Nous laisserons-nous arrêter par des intérêts particuliers ? La nation qui consent de si lourds sacrifices a le droit d’être exigeante. Elle ne doit satisfaire les ambitions que dans la limite de son intérêt. Elle se rappellera donc que ce n’est pas en confiant ses escadrons à des vieillards de soixante ans qu’elle obtiendra d’eux des coups de torpilleurs. Notre cavalerie doit être commandée par des officiers jeunes et hardis, dont l’élévation du caractère et la hauteur des sentimens seront la garantie qu’en toutes circonstances, ils feront plus que leur devoir. Alors, quoi qu’il advienne, nous serons au moins sûrs que ses chefs possèdent la principale, la plus féconde des qualités de l’homme de guerre : la jeunesse.