sommes entourés d’intrigans et de factieux qui voudraient faire déclarer le trône vacant afin d’y placer les Bourbons ! » Interrompu par les cris : « Non ! Non ! Jamais ! » il reprit : « Si le trône était censé vacant, la France ne tarderait pas à subir le misérable sort de la Pologne. Les alliés se partageraient nos provinces et ne laisseraient aux Bourbons qu’un lambeau du territoire français... Je vais mettre le doigt sur la plaie. Il existe une faction d’Orléans... On a beau m’interrompre, je parle d’après des renseignemens certains. Cette faction entretient des intelligences même avec les patriotes, mais elle est purement royaliste. Au reste, il est douteux que le duc d’Orléans veuille accepter la couronne, ou, s’il l’acceptait, ce serait pour la restituer à Louis XVIII. »
En dénonçant « le parti d’Orléans, » Boulay provoqua les rumeurs. Comme il le faisait entendre, la monarchie constitutionnelle avec le fils de Philippe-Egalité était dans les vœux secrets de la majorité des représentans. Mais les partisans d’Orléans appréhendaient tant d’obstacles de la part des Puissances, tant de colères parmi les royalistes purs, tant d’hésitation chez le prince lui-même, qu’ils ne voulaient pas se déclarer avant d’avoir sondé le terrain et aplani les voies. Ils craignaient de tout compromettre s’ils dévoilaient trop tôt leur candidat. A l’envi, ces orléanistes honteux protestèrent contre les paroles de Boulay par des murmures et des dénégations indignées.
Au milieu du bourdonnement, le général Mouton-Duvernet, qui siège comme député de la Haute-Loire, crie de sa place :
— L’ennemi marche sur Paris. Proclamez Napoléon II. Les armées seront à la disposition de la nation pour le service de Napoléon II.
— Tous les militaires, l’Empereur et vous êtes au service de la nation, interrompt Flaugergues.
— Je me suis mal expliqué, je reprends et je dis que la volonté de la nation, la volonté des soldats est d’avoir un gouvernement national et non celui de l’étranger. L’armée de la nation se rappelle que sous Louis XVIII elle a été humiliée, elle se rappelle qu’on a traité de brigandages les services qu’elle a rendus à la patrie depuis vingt-cinq ans. Voulez-vous lui rendre tout son courage et l’opposer avec succès à l’ennemi ? Proclamez Napoléon II !
Garat demande le renvoi aux bureaux. Regnaud s’écrie :