Qu’êtes-vous devenue, enfant paisible et tendre
Au cœur pensif ?
Dans quel étroit tombeau repose votre cendre,
Corps grêle et vif ?
Vous êtes morte au fond de moi, vous êtes morte.
Petite enfant !
C’est moi qui vous abrite, et moi qui vous emporte,
Tout en vivant.
Ah ! vous aviez si peur de cette ombre lointaine
Que fait la mort,
Et l’écartiez déjà d’une main incertaine.
Tremblant très fort.
Vous étiez douce et caressante et souvent sage ;
Je vous revois,
Mais les yeux clos, car je n’ai plus votre visage,
Ni votre voix.
Ainsi je vais mourir tout le long de ma vie,
Jusqu’à ce jour
Où, de l’espoir qu’on rêve au regret qu’on oublie.
Tristesse, amour,
Je ne serai plus rien dans la nuit sûre et noire
Qu’un poids léger,
Et pourrai sans reflet, sans ombre, et sans mémoire,
Ne plus changer.
Avoir une maison tranquille et solitaire
Qui serait loin de tous dans un jardin en fleur.
Et là, pouvoir t’attendre, ô si chère à mon cœur,
T’attendre en respirant les parfums de la terre,
sombre amie, ô Mort ! toi qui m’as fait si peur !