pour le bombardement des villes ou l’incendie des recolles En outre, les ballons dirigeables seront toujours très lourds, de sorte qu’il leur sera difficile d’éviter les projectiles dont la terre ennemie les saluera incontestablement.
Si Londres ou Berlin se trouvaient assiégées, nos successeurs allemands ou anglais auraient beaucoup plus de mal que nous à franchir les lignes de l’investissement. Le blocus aérien, qui était ridicule en 1870-1871, pourrait être sérieux en 1902-1903, à cause des progrès faits par le tir. Il faudrait des praticiens beaucoup plus exercés que les aéronautes improvisés de la troisième République française pour se tenir dans la zone inaccessible aux canons-ballons pendant tout le temps nécessaire.
Il n’y a pas du tout besoin d’avoir recours à des hypothèses pour démontrer que les progrès de la balistique auraient fait renoncer aux observations militaires sans l’invention de la téléphotographie française. Au printemps de l’année 1901, j’ai fait un voyage scientifique en Angleterre, j’ai été admis à visiter l’établissement aéronautique d’Aldershot. Les officiers qui me conduisaient m’ont montré, non sans orgueil, un ballon percé comme une écumoire par les balles des Boers. Il était de couleur blanche, et on l’avait réparé avec des petits cercles noirs. On le préparait pour une exposition d’aéronautique qui a eu lieu au Palais de Cristal, où les badauds ont vu, avec une admiration par trop naïve, cette preuve de la nécessité de placer les observatoires militaires à des distances telles de l’ennemi, que l’inspection à l’œil nu ne saurait suffire.
Dans les recherches d’un ordre purement scientifique, les échecs sont souvent plus utiles que les succès. L’ascension du 31 octobre peut nous fournir une preuve de cette vérité consolante et réconfortante.
Dans le cours du XXe siècle, on comptera plus de 200 éclipses, dont plus d’un quart seront totales. Quelques-unes de ces dernières seront visibles en France, à Paris et dans les environs, avec toute leur splendeur. La zone où les langues de feu étalent leurs merveilles attirera l’attention du Parisien, à une époque où, certainement, je ne serai plus de ce monde, mais dont il ne m’est point interdit de me préoccuper avant d’avoir accompli mon ascension dernière.
C’est à Paris que les ballons ont été inaugurés il y a près de cent vingt ans. C’est à Paris que se trouve le plus ancien observatoire