Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 13.djvu/410

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

généraux dont aucun phénomène parasite ne masque les effets. Il ne subit plus que l’action cosmique des élémens astronomiques qui sont probablement les moteurs réels des agitations de l’air, de variation de force et de direction des vents, etc.

Dès que l’on connaîtra les lois qui régissent l’évolution des climats, on les appliquera facilement à chaque cas particulier. L’établissement d’une véritable météorologie scientifique est donc un événement qui s’avance et dont nous signalons avec joie les prodromes. Alors il sera inutile, peut-être même ridicule, de lutter contre les enfans d’Eole, qui deviendront nos amis, nos alliés fidèles, et dont nous réclamerons avec confiance le concours, quand nous voudrons voyager sûrement, économiquement, agréablement, par la voie des airs. Qui donc, dans ces temps heureux dont la véritable aéronautique doit avancer l’échéance, ira surcharger son ballon de machines lourdes et dangereuses, abandonner la forme gracieuse qui lui est naturelle pour adopter des combinaisons bizarres et arbitraires ? Qui donc proposera d’abandonner ce brave cercle qui m’a si souvent empêché de me briser les jambes, et conseillera de jeter aux chiffons le chanvre de nos cordages ?

Il n’y a, comme on le voit, aucun antagonisme réel entre le plus lourd et le plus léger que l’air. Tous deux contribuent d’une façon différente, comme les divers corps d’une armée en campagne, à la victoire. Il n’y en a pas davantage entre les ballons mécanisés et ceux qui suivent le fil du vent. Toutes les découvertes faites dans l’océan atmosphérique se prêtent un mutuel appui, et il n’y a entre ceux qui les font que l’émulation des soldats versant leur sang pour le même étendard. Naturellement nous préférons les méthodes avec lesquelles nous sommes familiarisés ; nous les croyons les plus directes, les plus efficaces ; mais nous souhaitons ardemment le succès des autres. Nous n’avons point été un des moins enthousiastes à applaudir aux belles tentatives de M. Santos-Dumont.

Certes, si un moteur léger ou tout autre procédé permet d’économiser le gaz et le lest, il sera accepté avec reconnaissance et empressement. Mais, pour qu’un moteur puisse être adopté, il faut qu’il soit commode, qu’il n’offre aucun danger, qu’il soit peu encombrant, et qu’il n’attire pas la foudre. C’est une condition à laquelle sont assujettis les ballons montés ordinaires