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démonstratifs qu’on a organisé successivement un nombre considérable d’observatoires dans lesquels on porte journellement les thermomètres à des altitudes de 2 000, 3 000 et même 4 000 mètres.

A terre, ce mode d’observation offre des inconvéniens sérieux qui n’ont point empêché l’exemple d’une si utile innovation d’être contagieux, tant en Europe qu’en Amérique. Souvent les fils d’archal qui retiennent captifs ces véritables aéroplanes sont brisés par le vent. Quelquefois les fragmens de ces fils s’enroulent autour du corps des hommes et des animaux. D’autres fois ils sont frappés du feu du ciel, et leurs débris portés à la température du rouge blanc allument des incendies et produisent des brûlures. Il se peut même qu’ils tombent sur les lignes qui transportent l’énergie électrique, déterminant des courts-circuits, des décharges meurtrières. Aussi, malgré tous les soins que l’on prend pour placer ces établissemens dans des districts peu habités, les savans qui les dirigent sont-ils accablés quotidiennement par des réclamations de toute nature.

De plus, à terre, il faut du vent pour lancer des cerfs-volans d’un poids considérable. En mer, rien de tout cela n’est à craindre. On ne peut blesser que les poissons, si le fil vient à céder. D’autre part, on peut faire servir la vitesse propre du navire à fournir le vent dont le cerf-volant n’a véritablement jamais besoin que pour prendre son essor. En effet, dès qu’il pénètre à 300 ou 400 mètres du sol, il trouve presque toujours le vent dont il a besoin pour se soutenir lorsqu’il en manque à terre. Enfin, le navire peut toujours filer à toute vapeur dans la direction de la tempête, diminuer la résistance que doit supporter le fil, et permettre au moins d’exécuter sans accident la descente.

Bientôt, grâce à l’élan donné par les ballons-sondes, des vapeurs, anglais, allemands, autrichiens, norvégiens, vont remorquer les cerfs-volans météorologiques dans les mers tropicales, la Méditerranée, la Baltique, la mer du Nord, l’océan Glacial arctique.

Sur les océans, qui couvrent les trois quarts de la surface du globe, l’influence des aspérités de la surface, les phénomènes locaux qui déroutent les observateurs se contentant des mesures prises à terre, sont éliminés d’eux-mêmes. Surtout à distance notable des côtes, l’observateur n’est plus en présence que de phénomènes