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REVUE MUSICALE


Théâtre de l’Opéra-Comique : La Carmélite, comédie musicale en quatre actes et cinq tableaux, paroles de M. Catulle Mendès, musique de M. Reynaldo Hahn. — Théâtre de l’Opéra : Paillasse (Pagliacci], opéra en deux actes, de M. Leoncavallo.


Le même poète qui faillit produire sainte Thérèse sur le théâtre, et sous les traits de Mme Sarah Bernhardt, nous a fait assister à l’Opéra-Comique à la profession de Mlle de la Vallière. Il a même baptisé son œuvre d’un nom religieux, ou de religieuse : la Carmélite, que justifient seulement les dernières scènes. Et d’aucuns ont trouvé que chez M. Catulle Mendès tant de dévotion à l’ordre du Carmel avait quelque chose de surprenant à coup sûr, et peut-être d’indiscret.

Il a paru également que la nouvelle « comédie musicale » blessait diverses convenances, dont les unes appartiennent à l’ordre esthétique et les autres sont d’un genre ou d’une qualité plus haute encore.

Wagner a formulé, — s’il ne l’a pas découverte, ainsi qu’on le croit trop souvent — une grande loi de son art, quand il a dit que l’objet de la musique est « le purement humain ; » ce qu’il y a de plus général en nous, notre condition beaucoup moins que notre nature ou notre âme. Que Wagner lui-même ait cherché ce fonds commun de l’humanité dans la légende, cela ne signifie pas que la légende seule le contienne et le puisse fournir. L’opéra légendaire n’a pas détruit l’opéra qu’on peut appeler historique. Ce genre ou cet idéal subsiste en quelques anciens chefs-d’œuvre, tels que les Huguenots ou le Pré-aux-Clercs, et de nos jours même le génie musical russe a rappelé, dans le Boris Godounow de Moussorgski, le parti que le drame lyrique, fût-ce le plus moderne, peut encore tirer de l’histoire. Mais c’est à de certaines conditions. Il ne faut pas d’abord que l’histoire soit trop