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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 13.djvu/583

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pénétrèrent ou tentèrent de pénétrer en Tripolitaine et en Cyrénaïque, et qu’un grand effort fut fait pour développer le commerce italien dans les ports de l’ancienne régence. Le duc de Gênes lui-même, avec l’aide de quelques capitalistes, organisa, pour l’exploration et la colonisation de la Tripolitaine, une société qui envoya le capitaine Camperio dans le pays de Barka pour y créer des stations agricoles et commerciales. Ces tentatives échouèrent devant l’hostilité des indigènes et le peu d’activité des affaires ; mais les progrès du commerce italien, surtout en ces dernières années, ont été considérables : depuis que l’Italie du Nord a pris un grand essor industriel, le gouvernement a cherché, avec plus d’ardeur, des débouchés nouveaux pour la production grandissante des manufactures nationales ; la Tripolitaine, quelque faible que soit son pouvoir d’absorption, lui a semblé convenir à ce rôle. En 1898, les importations italiennes en Tripolitaine ne venaient qu’au quatrième rang après celles de l’Angleterre (avec Malte), de la Turquie de la France (avec l’Algérie-Tunisie) et elles ne montaient qu’à 768 000 francs. Depuis lors, l’Italie a augmenté le chiffre de ses échanges, grâce à l’amélioration et à la multiplication des services de navigation. Au commencement de 1900, la compagnie Florio Rubattino, aidée par une forte subvention du gouvernement, a établi une ligne dont les bateaux, tous les quinze jours, touchent à Malte, Tripoli, Mesrata, Benghazi, Derna, la Canée et s’arrêtent encore, au retour, à Benghazi, Tripoli et Malte. En même temps, pour des motifs restés inexpliqués, la compagnie anglaise Knott-Prince suspendait ses voyages, tandis qu’un armateur de Malte, M. Pace, consentait à élever ses tarifs pour les rendre égaux à ceux de la ligne italienne ; en sorte qu’aujourd’hui, les « Rubattino » font la plus grosse part du trafic, au vif désappointement des autorités ottomanes, qui, effrayées devoir grandir, dans les deux Syrtes, l’influence italienne et augmenter le nombre des nationaux du roi Victor-Emmanuel III, s’efforcent de créer une ligne de navigation turque. La compagnie française Touache fait, chaque semaine, le service de la côte tunisienne et de Tripoli, où elle apporte surtout des farines, mais elle ne touche pas à Benghazi et néglige la Cyrénaïque, où décidément l’influence italienne l’emporte. Elle s’y est affirmée avec éclat, à la fin de l’année 1901, quand les Italiens, qui sollicitaient depuis longtemps l’autorisation d’établir un bureau de poste à Benghazi, lassés des réponses dilatoires du vali ottoman,