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allure, sans effort. « C’est le sort du second cheval qui me conviendrait, » disait Labiche, en visitant cet établissement. Ces expériences, poursuivies depuis vingt-cinq ans, ont permis de proportionner les trois rations nécessaires à l’animal soit pour produire un travail donné, en kilogrammètres, soit pour transporter son propre poids sans fatigue, soit enfin pour se maintenir en état, sans faire de mouvement.

Cette dernière ration, bien entendu, ne convient qu’à des bêtes en repos prolongé ; car les chevaux sortant un jour sur deux mangent davantage quand ils restent à l’écurie, que lorsqu’ils vaquent à leur tâche par la ville, — 9 kilogr. 4, au lieu de 8 kilogr. 8 ; — et ceux qui sont attelés chaque jour reçoivent près de 12 kilos de fourrage. La liste des fourrages qui composent les rations est assez longue : le foin est exclu, son mérite étant trop mince pour son prix. L’avoine n’y joue qu’un rôle secondaire : un kilo en moyenne. On y voit figurer la « drèche, » résidu de l’orge ayant servi à la fabrication de la bière, des tourteaux de plusieurs sortes, du son, des granules agglomérés par la compagnie avec les déchets de différentes farines. Mais le fond de l’alimentation, c’est le maïs et la paille, formant ensemble près de 7 kilos.

Toutes ces denrées sont mélangées ensemble, concassées et dosées en sacs de poids uniforme, après avoir subi une série de manipulations qui s’exécutent automatiquement dans des ateliers immenses. La paille serait ici un lit trop onéreux ; les chevaux de fiacre, comme ceux des omnibus, couchent sur la tourbe, dont un kilo et demi entretient leur litière pour 5 ou 6 centimes par jour. Avant d’être livrée à la consommation, la paille est nettoyée dans des cylindres, hachée sous des couteaux qui se renouvellent toutes les trois heures et mise en balles de 100 rations chacune. Le maïs et l’avoine sont épurés, purgés, le premier, de gros clous de fer qui s’y trouvent, on ne sait comment, et qu’un aimant attire au passage ; la seconde, de 30 sortes d’impuretés et de grenailles parasites, revendues 3 ou i francs les 100 kilos. Ils vont ensuite se déverser en d’énormes silos, d’une contenance de 700 à 800 quintaux.

Le coût moyen est de 1 fr. 20 pour la ration quotidienne dont partie est absorbée à l’écurie, partie sur la voie publique, là où les hasards de leur existence vagabonde donnent un moment de loisir au cheval et au cocher. Il n’est pas à craindre que