consignent les extraits du vocabulaire, ignoble ou simplement grossier, quoique pittoresque d’ailleurs, que des automédons, mal satisfaits de leur pourboire, ont fait pleuvoir sur leur tête ou derrière leur dos. — « Il m’a appelée… je n’ose dire comme. » Parfois ce sont des protestations contre les pièces fausses, introduites, en nombre excessif, dans la monnaie rendue du haut du siège, dans la nuit sombre ou sous la pluie, — fraude savamment organisée, puisque naguère on pouvait lire, sur la devanture d’une boutique du quartier de la Croix-Rouge, cette offre équivoque : « Pièces de monnaie, à l’usage de Messieurs les cochers. » « Monsieur le Directeur, je m’étonne qu’une Compagnie qui se respecte garde à son service des cochers assez malhonnêtes pour glisser à la clientèle de faux écus de cinq francs. C’est une honte pour Paris et une indélicatesse contre laquelle je ne me contente pas de protester, mais dont je vous regarde comme responsable, décidé à vous rapporter moi-même la fausse monnaie dont il s’agit, etc. » Ainsi s’exprimait un bourgeois, justement indigné. En continuant le dépouillement de son courrier, le directeur ouvrit une deuxième missive du même signataire ; elle était conçue en ces termes : « Vous pouvez considérer ma lettre de ce matin comme non avenue ; j’ai trouvé moyen de repasser la fausse pièce dont je vous parlais. »
Le cocher n’est pas le seul qui veuille donner des lois au capital. A lui en imposer de trop dures, ne risque-t-il pas de le voir faire grève à son tour ? La crise actuelle est toute financière, point industrielle, puisque les fiacres se multiplient encore. Il n’est même pas à présumer qu’ils disparaissent jamais ; ils satisfont d’autres besoins et offrent d’autres commodités que le tramway. Paris et sa banlieue contiennent 3 millions d’habitans ; pour que les voitures de place puissent vivre, il suffit qu’elles fassent chacune une dizaine de « chargemens, » avec des cliens qui les prennent à l’heure ou à la course.
Cette dernière, à 1 fr. 75 pourboire compris, est, dit-on, trop chère ; nos ancêtres l’eussent trouvée bien bon marché. La mise en service d’un compteur horo-kilométrique apaiserait-elle les conflits, ferait-elle renaître la prospérité ? Les parties en cause, patrons et cochers, s’accusent mutuellement de mauvais vouloir envers le compteur, toujours promis et toujours éludé. Les uns et les autres s’en prennent à l’administration municipale, qui exigeait des futurs compteurs tant de vertus et prétendait