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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 13.djvu/619

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Le Krakatoa, au milieu du détroit qui sépare Java de Sumatra, fait 20 000 victimes en 1883, porte par un raz de marée un bâtiment à vapeur dans une forêt à deux kilomètres au milieu des terres, envoie un tel nuage de cendres qu’elles se répandent sur une aire d’environ 750 000 kilomètres carrés, tandis que les poussières fines, lancées à une hauteur de 36 kilomètres, font au moins trois fois le tour de la terre en donnant naissance à des colorations particulières des astres et du ciel. Au Japon, chaque année, plusieurs centaines et quelquefois plusieurs milliers d’êtres humains périssent, sinon par les éruptions volcaniques elles-mêmes, du moins par les tremblemens de terre et les mouvemens de la mer, qui ne sont que des aspects différens du même phénomène. Les volcans de l’Amérique centrale, dans des régions peu peuplées, engloutissent des villages entiers sous des flots de boue. Aucune certitude n’existe quant à la périodicité des manifestations volcaniques. Sera-t-il jamais au pouvoir de la science humaine de garantir, même à très courte échéance, l’avenir de celui qui habite les flancs d’un volcan ? Sur ce sujet, aujourd’hui, le plus savant et le plus ignorant peuvent parler avec une égale assurance.

Si les volcans continentaux ont été très étudiés quant aux caractères de leurs manifestations, il n’en a pas été de même des volcans sous-marins. Pour beaucoup de savans, leur existence à de grandes profondeurs sous l’eau des océans est même problématique. La commission envoyée à la Martinique a déclaré qu’aucun changement ne s’était effectué dans la topographie du sol immergé voisin du volcan. Peut-être a-t-elle raison. Elle aurait néanmoins eu davantage raison en se montrant moins affirmative. Les câbles télégraphiques ont été brisés à de nombreuses reprises autour des îles des Antilles, théâtre des derniers événemens, et l’on a peine à croire que ces ruptures aient eu lieu sans que le sol sur lequel reposaient les câbles en ait éprouvé aucune modification. Les changemens topographiques auxquels donne lieu, au fond des eaux, un cataclysme du genre de celui de mai-août 1902, ne sont probablement que d’étendue restreinte et, par suite, ils sont difficiles à découvrir, sauf par un examen très long et très précis. Le regard ne pénètre pas au fond de la mer et la sonde ne garantit qu’un seul point à la fois. Encore si l’on était en droit de se fier à des cartes topographiques antérieures très détaillées et absolument exactes ! Mais