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Le 24, dès le lendemain de sa défaite à Goldberg, Blücher avait connu le départ de l’Empereur. Le mouvement du 3e corps le porta à croire que les Français se retiraient. Il donna aussitôt à son armée à demi dissoute, à ses chefs de corps récalcitrans, l’ordre de se porter en avant. Macdonald au contraire laissa passer dans une inaction relative les journées du 24 et du 25. Ce fut seulement le 26 au matin qu’il distribua ses ordres de mouvement. Il croyait pousser encore devant lui l’ennemi qu’il avait défait le 23 autour de Goldberg.

Ainsi chacune des armées s’avançait, croyant trouver en face d’elle un adversaire en retraite, et marchait, sans s’en douter, au-devant d’un choc décisif. Mais Macdonald s’y exposait dans les conditions les plus défectueuses. Le 3e corps, retardé par le malentendu qui s’était tardivement dissipé, se trouvait encore trop éloigné pour prendre une part effective à l’action. Macdonald, loin de grouper ses forces comme le lui avait prescrit Napoléon, les avait fractionnées dans un terrain coupé d’obstacles matériels, de montagnes, de rivières, que les pluies diluviennes de ces derniers jours d’août grossissaient d’heure en heure et transformaient en obstacles infranchissables. Blücher était en pays ami, mieux renseigné, mieux servi aussi par une cavalerie active et mobile. Il avait, lui aussi, arrêté ses ordres de marche, le 26 à onze heures, dans l’ignorance des mouvemens de l’ennemi. Mais des services d’avant-postes, son avant-garde, le renseignèrent à midi, avant la rencontre. Il apprit que les Français s’avançaient en colonnes nombreuses et put prendre ses dispositions pour les recevoir.

Le champ de bataille de la Katzbach est limité au Nord par la rivière qui a donné son nom à la journée et dont le cours est dirigé à peu près de l’Est à l’Ouest. A l’Ouest, le champ de bataille est borné par un affluent de la Katzbach par la Wüthende Neisse, qui coule du Sud au Nord. C’est dans l’angle formé par les deux rivières, sur la rive droite de la Katzbach et de la Wüthende Neisse, sur le plateau qui occupe cet angle, que s’est décidé le sort de la journée.

Toutefois en dehors de cet angle, de l’autre côté de la Wüthende Neisse et sur la rive gauche, le corps de Langeron, séparé du reste de l’armée de Silésie, devait recevoir, dans une action très isolée du reste de la bataille, le choc du 5e corps français commandé par Lauriston.