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Sur la rive droite de la Wüthende Neisse, sur le terrain de la rencontre décisive, les corps de York et de Sacken allaient se trouver en face du 11e corps et de la cavalerie de Sébastiani.

Le 3e corps français, commandé par Souham depuis le départ de Ney, était au nord de la Katzbach, sur la rive gauche, au-delà de Liegnitz. Obligé de faire un long détour pour franchir la Katzbach, il parut sur le champ de bataille plus tard que ne l’attendait Macdonald, trop tard pour exercer une action réelle, assez tard pour ne pas être irrémédiablement entraîné dans la déroute.

L’action décisive se déroula entre les corps de York et de Sacken, groupés sur le plateau dans les positions que Blücher leur avait assignées à la nouvelle de l’attaque des Français, — et le 11e corps appuyé de la cavalerie de Sébastiani qui gravissait, non sans difficulté, les pentes abruptes, qui conduisent du lit du torrent sur le plateau. On n’y montait que par des chemins encaissés, détrempés par la pluie, sortes de défilés presque infranchissables. Macdonald paraît avoir eu l’intention, lorsqu’il reconnut la difficulté du terrain, de s’arrêter, de retourner en arrière. Mais l’étroitesse du passage ne lui permettait même point de revenir sur ses pas. Après avoir franchi, non sans désordre, les défilés et gravi, non sans difficultés, les pentes abruptes qui dominent le torrent, les bataillons de la division Charpentier, qui marchaient les premiers, se déployèrent à droite, et la cavalerie de Sébastiani s’étendit successivement sur la gauche. En face des bataillons Charpentier, se trouvaient, sur la gauche de Blücher, les brigades prussiennes d’York.

Les récits prussiens ont conservé le souvenir des premières rencontres de la division Charpentier avec les troupes prussiennes. C’est d’abord l’avant-garde prussienne, portée le matin dans la vallée et qui se retire sous la poussée des Français en regagnant le gros du corps. « L’ennemi nous croyait en retraite, » écrit le major Hiller qui la commandait, « et nous poursuivait de ses quolibets. Il se développa rapidement, poussa une masse de tirailleurs. Mais, en raison de la pluie qui commençait, leur feu fit peu d’effet. Trois des quatre batteries qui successivement avaient débouché du défilé commencèrent à tirer vivement sur nous. Quelques boulets qui atteignirent le bataillon de landwehr von Kempsky, — c’était celui d’Oppeln, — y mit le désordre. Il ne fut bientôt plus qu’une masse débandée, qui fit