Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 13.djvu/779

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le mauvais temps, et découragé parce qu’il ne peut se servir du feu de son arme. » Et le même jour, à sept heures du soir, la déroute atteignant Löwenberg, le commandant d’armes de cette place écrivait[1] : « Depuis hier soir sur les neuf heures (c’est-à-dire le jour même de la Katzbach) sont arrivés ici, venant de Goldberg, quantité de militaires épouvantés et fuyards annonçant un mauvais résultat de l’affaire d’hier après-midi. Je les fis chasser et leur donnai l’ordre de retourner promptement sur leurs pas. J’ai donné la consigne aux postes de ne plus les laisser entrer. Ils font le tour de la ville ; j’ai placé un poste au pont pour leur en empêcher le passage ; ils ont passé les gués plus haut ou plus bas et ont évité mes gardes. »

Même au 3e corps, qui n’avait point été engagé à fond le 26, l’état des troupes n’était point satisfaisant. Macdonald mandait le 29, de Bunzlau où il s’était rendu : « Nos troupes sont dans un état pitoyable, percées de la pluie pendant quatre-vingts heures consécutives, marchant dans la boue jusqu’à mi-jambe et traversant des torrens débordés. Dans cet état, les généraux en chef ne peuvent empêcher que le soldat ne cherche un abri, son fusil lui étant inutile. »

Et, le 27 août, Puthod, qui allait être pris avec sa division deux jours plus tard, mais qui n’avait pas encore eu affaire à l’ennemi, adressait à Lauriston un rapport que les cosaques interceptèrent et qui fortifia la confiance de Blücher et de Gneisenau. « J’ai la douleur de vous rendre compte, » écrivait-il, « que les trois quarts des soldats, malgré mes efforts, malgré ceux des chefs et des officiers, se jettent dans les bois et dans les maisons, et que ni les menaces, ni les coups ne peuvent rien ; ils répondent qu’ils aiment mieux encore être pris que périr de misère. Le cœur me saigne, je suis au désespoir, et je n’en ferai pas moins mon devoir avec honneur jusqu’au bout. »

Après la perte de la division Puthod, Macdonald avait évacué la ligne du Bober. Il s’était retiré sur le Queiss, et, le 31 août, il écrivait de Lauban : « Il nous est déjà rentré 7 à 8 000 hommes ; il faut qu’il y en ait encore plus du double jusqu’à Dresde. Ce qu’il y a de singulier, c’est qu’il n’y a ni terreur, ni crainte ; le soldat cherchait des abris ; en cela il imitait trop bien l’exemple de ses officiers. »

  1. Archives historiques du ministère de la Guerre.