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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 13.djvu/780

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Mais Macdonald n’avait pu tenir même sur le Queiss ni sur la Neisse, et c’était de Nostitz, se dirigeant vers In Sprée, qu’il écrivait, le 2 septembre, au major général : « Je dois déclarer que la tiédeur des chefs, l’indiscipline, le maraudage, le manque d’armes pour peut-être dix mille hommes, et de munitions de guerre sont autant de motifs qui doivent déterminer Sa Majesté à rapprocher d’elle son armée, à l’effet de lui donner une plus forte constitution et de retremper tous les esprits. »


Les épreuves qui accablaient les Français n’étaient point épargnées aux troupes de l’armée de Silésie qui les poursuivaient. Elles y produisaient des effets analogues. Seulement, là, la vigueur du commandement à tous ses degrés, le sentiment du succès, conservaient intacte l’énergie du petit noyau d’hommes qui ne succombaient pas à l’excès de la fatigue ou des épreuves. Surtout, la solidité éprouvée des troupes russes maintenait intacte la charpente de l’armée de Silésie. Si le corps russe de Sacken avait assuré à Blücher la victoire de la Katzbach, le corps russe de Langeron, ménagé davantage par la prudence parfois excessive de son chef, permit seul de donner à la poursuite assez d’activité pour ruiner les corps français, détruire leur matériel, et capturer la division Puthod. Ce sont les troupes russes de Langeron qui ont désorganisé le 27, à Pilgramsdorf, une grande partie du 5e corps, et qui, le 29, en avant de Löwenberg, ont fait prisonnières les troupes de Puthod.

Quant au corps prussien, il n’était plus en état de participer utilement à la poursuite. Ce n’était pas faute d’en avoir reçu de l’état-major l’ordre pressant. A peine abrité de la pluie, à Brechtelshof, dans la nuit qui suivit la bataille, Blücher avait expédié ses rapports au grand quartier général et, aussitôt après, dans la nuit du 26 au 27, il avait fait parvenir à York l’ordre de se mettre en marche à deux heures du matin et de franchir la Katzbach à Kroïtsch avec son avant-garde, la brigade de Horn, et la cavalerie de réserve. York déclara une fois de plus que « Messieurs de Gneisenau et de Müffling n’avaient pas la moindre idée des mouvemens d’une armée. » Et, une fois de plus, Gneisenau incrimina le mauvais vouloir et l’esprit d’opposition de York. L’ordre était inexécutable. La Katzbach montait sans cesse sous la pluie qui continuait ; les ponts étaient recouverts d’eau. Il était impossible d’y passer en pleine nuit, même pour