liberté religieuse, mais une riposte nationale à des tentatives d’origine étrangère. Les mesures que dut prendre le gouvernement contre certains colis de brochures révolutionnaires qui prenaient indûment une toilette évangélique, les saisies et confiscations qu’il fut forcé d’opérer, justifièrent avec éclat les prévoyantes alarmes de MM. Witz et Johanny. L’Église évangélique risquait de devenir suspecte ; et lorsqu’en 1900 M. Bräunlich fut à son tour expulsé d’Autriche par mesure de sûreté générale, il fut plus regretté dans les sphères pangermanistes que dans les cercles pieux de son Eglise.
Car de graves paroles commençaient d’être dites au sujet du mouvement nouveau, et elles méritaient l’attention du loyalisme évangélique. « On parle de rupture avec Rome, articulaient certaines voix ; ce qu’on veut, c’est une rupture avec l’Autriche. Los von Rom, los von Oesterreich. » Ce n’était pas seulement M. Lueger, ou le prince Aloys de Liechtenstein ; ce n’étaient pas seulement les évêques de la monarchie, qui portaient ce verdict ; ce fut bientôt l’héritier du trône, en personne. Acceptant en mai 1901 de prendre la présidence de l’Association scolaire catholique, l’archiduc François-Ferdinand témoigna, en termes formels, qu’il voulait rendre hommage à « l’activité patriotique et religieuse de ce groupement, surtout au moment de l’agitation Los von Rom, qui est un mouvement de rupture avec l’Autriche, et à laquelle on ne saurait opposer assez de digues. »
Ces paroles, tombées de haut, montrèrent quelles compromissions pouvaient résulter, pour l’Eglise évangélique d’Autriche, des indiscrètes entreprises de ses nouveaux pasteurs ou de ses nouveaux fidèles ; et, un mois après, le discours dans lequel M. de Koerber, président du conseil, se portait garant que l’Église catholique n’était point menacée, qu’elle se pouvait reposer sur sa propre force, et que le gouvernement, à l’avance, voulait mettre au-dessus de toutes les suspicions le patriotisme de tous les sujets, fut à tort interprété comme un désaveu courtois du langage du futur empereur ; ce discours attestait que M. de Koerber ne considérait pas l’Église évangélique d’Autriche et les citoyens autrichiens membres de cette Église comme étant a prio71 solidaires d’une agitation venue d’ailleurs. Il est singulièrement délicat pour M. de Koerber et pour M. de Hartel, ministre de l’Instruction publique et des Cultes, de s’efforcer de distinguer entre les besoins religieux authentiques et les manœuvres politiques