Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 14.djvu/433

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de donner au problème en votant une nouvelle loi scolaire, l’Education Act de 1902.

Avant d’aborder cette étude, il faut nous délivrer de toutes nos habitudes françaises d’ordre logique, de symétrie, de constructions rationnelles sur table rase. Respectueuse des droits acquis, soucieuse des réalités existantes, la législation anglaise est touffue, enchevêtrée, complexe comme ces réalités mêmes auxquelles le législateur cherche à l’adapter.


1

Dans le Royaume-Uni, l’instruction supérieure et l’instruction secondaire, — laquelle ne correspond pas à la nôtre, — sont à peu près indépendantes de l’Etat. Les Universités, les vieux collèges ont été fondés par des chartes qui remontent pour la plupart au moyen âge ; ils disposent de revenus considérables et gardent une autonomie jalouse. Le gouvernement local intervient peu.

L’enseignement secondaire était donné par des établissemens privés, soumis à l’inspection de l’État, quand ils le demandaient et lorsqu’ils en faisaient les frais.

Quant à l’instruction primaire, il n’y avait, jusqu’en 1870, qu’une seule sorte d’écoles élémentaires, des établissemens libres fondés par des particuliers ou le clergé, alimentés en grande partie par des souscriptions volontaires, des revenus, des redevances. Ces écoles étaient absolument indépendantes de l’État, qui n’a commencé à intervenir, depuis la réforme électorale de 1832 et l’accession des classes moyennes au pouvoir, que pour fournir des subventions d’abord restreintes, puis toujours croissantes. De 20 000 livres sterling, en 1834, cette contribution s’élevait déjà à 1 million en 1870, soit 25 millions de notre monnaie. Un comité spécial d’éducation était inauguré en 1839, au sein du conseil privé. La qualité de l’instruction était d’ailleurs des plus médiocres : dans certaines, localités l’instruction manquait absolument. Presque toutes ces écoles étaient soumises à la direction de l’Église anglicane qui les avait créées : l’éducation élémentaire se trouvait entre les mains du clergé officiel. Les sectes dissidentes, les libéraux, les radicaux aspiraient à changer cet état de choses.

« L’anglicanisme, dit M. Boutmy dans sa Psychologie du