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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 14.djvu/439

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En 1897, le gouvernement augmentait considérablement les subventions destinées à l’enseignement libre, jusqu’à couvrir les cinq sixièmes des dépenses. Lord Salisbury poursuivait de plus vastes desseins, une entreprise à longue portée. Il ne s’agissait de rien moins que de reprendre l’œuvre libérale de Forster, de la refondre en un système d’éducation plus vaste, en même temps que plus favorable à la cause conservatrice. Un premier projet échoua. Un nouveau bill fut présenté par M. Balfour à la Chambre des communes au printemps de 1902, et transformé avant Noël en loi scolaire, en Education Act, après huit mois de discussions orageuses à la Chambre des communes, et une agitation dans le pays, qui rappelle les démonstrations populaires d’autrefois, et qui témoigne de l’intensité de la vie publique en Angleterre.

L’Education Act ne concerne ni l’Ecosse ni l’Irlande. En Ecosse, la population est unanime dans ses croyances théologiques. Quelques paroisses seulement se rattachent au catholicisme. L’éducation la plus élémentaire est donnée dans les Board Schools, qui existent partout, et où la Bible et le shorter Catechism, le catéchisme abrégé, forment le thème de l’éducation religieuse pour tout le pays. En Irlande, 75 pour 100 de la population sont catholiques : les enfans des deux Eglises, protestante et presbytérienne, sont élevés dans des écoles séparées. Mais en Angleterre la difficulté naît de l’opposition entre l’Eglise établie et les sectes dissidentes non reconnues, presque aussi nombreuses qu’aux Etats-Unis, qui ont résolu le problème, en exigeant la laïcité de toutes les écoles subventionnées.

L’Education Act de 1902 consacre l’égalité presque complète, au point de vue fiscal, entre les écoles libres et les écoles primaires publiques. Il décharge les écoles libres de tous les frais pour l’instruction primaire laïque donnée à l’intérieur de leurs murs. Les patrons des écoles libres n’auront à pourvoir qu’aux réparations occasionnelles de l’immeuble de l’école ; un amendement introduit par la Chambre des lords les a déchargées de l’entretien courant. L’école libre recevra, comme l’école publique, une subvention du Trésor, et en outre, ce qui n’était pas le cas sous la loi précédente, elle sera alimentée en partie par le produit des taxes scolaires qui, jusqu’alors, n’avaient servi qu’à faire vivre les écoles des School Boards.