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Les School Boards, la grande innovation de la loi Forster, sont supprimés. La loi nouvelle transporte la responsabilité de l’éducation non plus à un corps spécial, élu ad hoc, mais aux Conseils de comté (qui ont quelque analogie avec nos conseils généraux) et aux Conseils municipaux. Dans chaque comté, dans chaque ville importante, Londres étant provisoirement excepté, un comité d’éducation sera chargé de l’instruction primaire, de l’instruction secondaire (il faut entendre par là les écoles primaires supérieures, les écoles normales, les écoles techniques) : c’est une innovation considérable, car la loi Forster ne s’occupait que de l’instruction primaire. Mais ces comités d’éducation ne seront plus élus directement, comme les School Boards, par un mode de suffrage particulier ; ils seront choisis pour moitié au moins par les membres élus du Conseil de comté ou du Conseil municipal des villes érigées en district spécial, ils se composeront pour moitié d’autres élémens déterminés par des règlemens. Les femmes sont électrices, mais non éligibles au Conseil de comté, elles pourront trouver place dans le Comité d’éducation. Cette autorité nouvelle, simplement émanée des Conseils de comté et des Conseils municipaux, reçoit les subventions de l’Etat et les taxes locales, fixées par ces conseils, et les répartit entre les écoles publiques et les écoles libres. Il est chargé de la direction des écoles qu’il entretient entièrement, mais il n’exerce dans les écoles libres qu’une surveillance sur l’enseignement laïque.

Les écoles libres, créées par des particuliers ou des associations, seront administrées par un conseil spécial de directeurs (managers), fonctionnant sur place. Il se composera de six membres au moins, dont un tiers, deux sur six, seront désignés par le Comité d’éducation et le Conseil élu de la paroisse, et les deux tiers, c’est-à-dire la majorité permanente, seront désignés par les propriétaires, les patrons de l’école libre. C’est ce conseil de direction, ce sont ces managers qui, choisissant le personnel enseignant et lui donnant des ordres, seront les véritables maîtres de l’école libre. Ainsi l’Etat et les corps locaux entretiennent les écoles libres, ont un droit de surveillance et des pouvoirs assez étendus, mais ne les dirigent pas. La « clause de conscience » est d’ailleurs appliquée aux écoles libres comme par le passé, ainsi que la clause Cowper Temple, la clause de neutralité religieuse aux écoles publiques, entretenues complètement par les Conseils de comté.