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REVUES ÉTRANGÈRES

L’AME SIENNOISE


A History of Siena, par Langton Douglas, 1 vol. in-8o, Londres, 1903.


Dans le fameux récit du siège de Sienne qui remplit le troisième livre de ses Commentaires, le maréchal de Montluc ne nous parle guère que de lui-même, de sa prudence et de son courage, des fatigues qu’il a endurées, des sages résolutions qu’il a prises, et de ces belles harangues à la manière de Tite-Live qu’il prétend avoir improvisées en italien telles exactement qu’il nous les « couche en français, » car, ajoute-t-il, « tous mes discours faits étaient autant que la nature m’en avait pu apprendre, sans nul art. « Mais parfois, tandis qu’il ne songe qu’à tirer de sa conduite de précieuses leçons pour « messieurs les gouverneurs et capitaines de places futurs, » l’image s’offre à lui du malheureux petit peuple qui, durant de longs mois, avec une patience et un zèle vraiment héroïques, a combattu sous ses ordres pour la défense de ses libertés. Il se rappelle comment les Siennois, à demi morts de faim, ont consenti à restreindre encore leur ration quotidienne, pour permettre aux Allemands du colonel Reincroc de se rassasier ; comment ils se sont résignés, plus tard, à faire sortir de Sienne « quatre mille et quatre cents bouches inutiles, » des vieillards, des femmes, des enfans, dont c’est à peine si la « quarte part » put échapper à la mort ; et comment, jusqu’au jour désastreux de la capitulation, ils n’ont point cessé de lui témoigner en toute façon leur gratitude affectueuse pour le « bon confort » et les « bons