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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 mars.


La Chambre des députés vient d’entamer la discussion des demandes d’autorisation présentées par les congrégations religieuses. La question qui s’est posée au seuil même du débat a été de savoir comment il serait conduit. La Chambre se trouvait en présence d’une cinquantaine de demandes, les autres ayant été renvoyées au Sénat. Que faire devant un aussi grand nombre de dossiers ? La difficulté pouvait être embarrassante en fait, mais non pas en principe. Il suffisait de se reporter à la discussion de la loi du 1er juillet 1901 pour reconnaître qu’il avait été, à ce moment, dans l’intention du gouvernement et des Chambres que le cas de chaque congrégation fût examiné séparément. Mais c’est ce que la Commission d’aujourd’hui ne veut pas. Elle a proposé de faire une masse de toutes les congrégations, et de les exterminer d’un seul coup. Ce n’est pas ainsi qu’on l’entendait en 1901. M. Waldeck-Rousseau protestait alors contre cette confusion qui ne permettait de faire aucune différence entre les congrégations. S’il voulait frapper les unes, il entendait épargner les autres. « Affirmer, disait-il, que le Parlement ne donnera pas d’autorisation, c’est à mon avis instruire bien vite son procès. Croyez-vous donc que les Chambres françaises, mises en présence de statuts sincères et non pas semés de dissimulations, proclamant hautement un but philosophique, philanthropique ou d’intérêt social, seront animées d’un parti pris absolu et diront : C’est une congrégation, nous refusons d’autoriser ? Croyez-vous donc que les Chambres qui votent chaque année, dans le budget des Affaires étrangères, des fonds appliqués précisément au soutien et à l’encouragement de nos