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processus de la sénescence. M. Metchnikoff croit l’avoir trouvée. Ce serait la pullulation des microbes dans le tube digestif de l’homme et particulièrement dans le gros intestin. Le nombre de ces micro-organismes est immense. Strassburger en a donné une supputation approximative ; elle s’exprime par un chiffre suivi de 15 zéros. Cette flore microbienne composée de « bacilles » et de « cocci » produit des poisons lents, qui, résorbés sur place, passent dans le sang et provoquent l’irritation continuelle d’où résultent l’artério-sclérose et la sclérose universelle de la vieillesse.

Si donc, au lieu de jouir d’une vieillesse saine et normale, dans laquelle les facultés de l’âge mûr seraient conservées, nous traînons une vie diminuée, une vieillesse qui est une sorte de maladie chronique, nous le devons, d’après M. Metchnikoff, au parasitisme et à la symbiose de cette flore microbienne intestinale.

Telle est cette théorie, spécieuse, hardie, par laquelle le savant auteur que nous suivons ici explique la misère de notre vieillesse. Elle inspire, en même temps, l’idée du remède. Il faudrait, par l’emploi de sérums cytotoxiques, augmenter la résistance des élémens nobles aux poisons microbiens. — Il faudrait transformer la flore hasardeuse dont nous avons à nous plaindre en une flore cultivée et choisie. Encore bien que le gros intestin ne soit que d’une utilité contestable, et que son existence, legs d’une organisation atavique, constitue une désharmonie de la nature humaine, M. Metchnikoff ne va pas jusqu’à en proposer l’ablation. Il n’appelle pas la chirurgie à la rescousse. Mais il conseille un régime hygiénique et des moyens judicieux, dont l’action, si elle n’est pas aussi merveilleuse qu’il l’espère, ne peut pas manquer d’améliorer la vieillesse et de la rendre plus vigoureuse.


VI

Reste la mort, « le dernier ennemi à vaincre, » selon saint Paul, — niais celui-là, la science ne peut pas le vaincre : il faut composer avec lui. — Il y a des animaux immortels ; l’homme n’est pas du nombre. Il appartient au groupe de ceux qui meurent d’accident, ou de maladie ; dans la lutte contre d’autres animaux ou contre des microbes ou contre les conditions